Bureau de France 24 à Issy-les-Moulineaux, en France, en avril 2019. Les autorités burkinabè ont suspendu indéfiniment France 24 suite à une interview avec le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique le 27 mars 2023. (AFP/Kenzo Tribouillard)

Le Burkina Faso suspend indéfiniment France 24 suite à une interview d’Al-Qaïda

New York, le 28 mars 2023 – Les autorités burkinabè ont suspendu lundi pour une durée indéterminée la chaîne publique française France 24 en raison d’une interview avec le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, selon des informations parues dans les médias et l’annonce de la suspension qui accuse le média de faire office d’agence de communication pour le terrorisme et de légitimer les discours de haine. 

« Les autorités burkinabè doivent revenir sur leur décision de suspendre France 24, ainsi que sur leur précédente décision de suspendre la chaîne française RFI, et devraient permettre à tous les habitants du pays d’accéder librement aux informations », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ. « Les reportages sur les questions liées au terrorisme ne devraient pas déclencher une censure générale et indéfinie de tout un média. » 

Le 6 mars, France 24 a diffusé une discussion sur son interview avec le chef d’AQMI, Abou Obeida Youssef al-Anabi, également connu sous le nom de Yezid Mebarek. Le 27 mars, France 24 a publié un communiqué défendant son travail, affirmant qu’elle n’avait jamais directement donné la parole au chef et qu’elle avait présenté ses commentaires dans un contexte journalistique, et d’ajouter que cette interview avait permis de confirmer que le journaliste Olivier Dubois, enlevé au Mali en avril 2021 puis libéré le 20 mars 2023, était retenu par AQMI. 

Depuis le mardi 28 mars, les programmes de France 24 ne sont plus disponibles à la télévision ou à la radio au Burkina Faso, mais sont toujours accessibles en ligne, selon le média et Arnaud Ouédraogo, coordinateur de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), un organe de presse et de journalisme d’investigation basé au Burkina Faso, qui s’est entretenu au téléphone avec le CPJ. 

En décembre 2022, les autorités burkinabè ont suspendu Radio France Internationale, une autre filiale de la société publique française France Média Monde, accusée d’avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ». 
En mars 2022, les autorités maliennes ont suspendu RFI et France 24, les accusant de diffuser de « fausses allégations » sur l’armée du pays.