Le 12 septembre 2022, des hommes armés en tenue militaire congolais ont attaqué la Radio Evangélique Butembo-Oicha, frappé un technicien, saisi du matériel et forcé la station de radio à cesser d’émettre. (Crédit photo : Faustin Saumbire)

Des hommes armés en tenue militaire attaquent une station de radio congolaise, frappent un technicien, saisissent du matériel et forcent la station de radio à cesser d’émettre 

Kinshasa, le 21 septembre 2022 – Les autorités congolaises doivent mener une enquête approfondie et demander des comptes aux responsables de l’attaque contre la Radio Evangélique Butembo-Oicha, appelée REBO, au Nord-Kivu, et assurer la sécurité de tous les journalistes dans le pays, a déclaré mercredi le Comité pour la Protection des Journalistes.

Le 12 septembre, vers 21 heures, quatre hommes armés vêtus d’uniformes ressemblant à celles de l’armée congolaise ont pénétré de force dans le bureau de la station de radio privée à Oicha, la capitale du territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu, menacé deux techniciens en frappant un dans le dos avec la crosse d’un fusil, puis ont saisi trois ordinateurs, un appareil d’enregistrement et deux téléphones portables appartenant aux techniciens, selon les médias et Faustin Saumbire, rédacteur en chef de la radio, qui s’est entretenu avec le CPJ via une application de messagerie. La station a cessé d’émettre après l’attaque et la saisie du matériel.

En mai 2021, le gouvernement congolais a imposé une gouvernance militaire appelée « état de siège » dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri où l’on a enregistré  des attaques répétées et le harcèlement de journalistes dans ces régions.

« Les autorités congolaises doivent mener une enquête approfondie et transparente sur l’attaque contre le bureau de la Radio Evangélique Butembo-Oicha, veiller à ce que les responsables rendent des comptes et mettre tout en œuvre pour que la radio émette de nouveau », a déclaré Muthoki Mumo, représentant du CPJ pour l’Afrique subsaharienne, à Nairobi. « Les attaques contre la presse dans l’est de la République démocratique du Congo par des hommes armés vêtus de tenues militaires du gouvernement sont beaucoup trop fréquentes et dressent un sombre portrait de la liberté de la presse dans le pays. »

Saumbire a déclaré que les techniciens, Delphin Sibaminya et Ishara Siwako, lui avaient dit que les hommes armés avaient défoncé la porte du bureau et menacé de leur faire du mal s’ils essayaient d’empêcher les assaillants de saisir le matériel de la radio. Ils ont également confisqué leurs téléphones pour les empêcher de contacter d’autres personnes. Lorsque Sibaminya a protesté, les hommes armés l’ont frappé dans le dos avec la crosse d’un fusil, puis ont commencé à se saisir du matériel. Selon Saumbire,  Sibaminya a été soigné dans un hôpital local le lendemain pour une petite blessure au dos. Siwako n’a subi aucune blessure physique au cours de l’incident.

Étant donné que leurs téléphones ont été saisis au cours de l’incident et que la station ne fonctionne pas, le CPJ n’a pas été en mesure de joindre Sibaminya ou Siwako. 

Le directeur de la station de radio, Caleb Wanzire, a déclaré au CPJ par téléphone qu’il avait déposé une plainte au sujet de l’incident le jeudi 15 septembre, au nom de la station de radio, auprès des bureaux de Charles Ehuta Omeonga, administrateur militaire du territoire de Beni, et de Nicolas Kambale Kikuku, bourgmestre d’Oicha.

Contacté par le CPJ via une application de messagerie, Ehuta a déclaré qu’il avait entendu parler de l’attaque mais qu’il n’avait reçu aucune plainte. Il a ajouté qu’il enquêterait dès réception de la plainte.

Joint par téléphone, Kambale a déclaré au CPJ que l’incident était déplorable et qu’il avait été abordé lors d’une réunion de sécurité des responsables d’Oicha organisée le jeudi 15 septembre. « Je condamne cette attaque et lors de (la) réunion de sécurité, nous avons déploré et analysé cette situation en cherchant des solutions efficaces pour endiguer l’insécurité générale à Oicha et surtout pour discipliner les soldats », a déclaré Kambale au CPJ en ajoutant « Des enquêtes sont en cours pour en savoir plus. »  

Pascal Mapenzi, coordinateur des médias pour le territoire de Beni, a déclaré au CPJ par téléphone qu’en solidarité avec la station de radio, les journalistes de Beni ont donné aux autorités locales 48 heures pour retrouver les hommes armés et restituer le matériel saisi. Cependant, le délai a expiré et des « journées sans information » ont été décrétées le samedi 17 septembre et le lundi 19 septembre, selon Mapenzi et les informations locales de Radio Oasis