Malgré l’annonce par le gouvernement français d’une baisse de la taxe sur le carburant proposée, le groupe des jilets jaunes (yellow jackets), les camionneurs et les groupes agricoles ont appelé à plus de protestations, selon The Guardian. Des manifestations massives ont eu lieu en France et en Belgique depuis la mi-novembre, alors que les premières protestations contre l’augmentation proposée de la taxe sur les carburants et notamment le diesel se sont étendues à une désaffection plus large sur le coût de la vie. Selon certaines informations, au moins trois personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées depuis le début des manifestations à la mi-novembre.
Alors que la majorité des manifestants sont pacifiques, la police et les agitateurs prétendument de l’extrême droite et de la gauche anarchiste se sont affrontés et il y a des informations de pillage, selon la BBC. Certains manifestants ont attaqué la police avec des pierres de pavage et d’autres missiles, et la police a utilisé du gaz lacrymogène, de la pulvérisation de poivre et du canon à eau.
Des journalistes ont été attaqués et harcelés alors qu’ils couvraient les manifestations, et des journalistes couvrant les troubles en France ont informé le CPJ qu’ils s’attendaient à plus de violence. La plate-forme du Conseil de l’Europe pour promouvoir la protection du journalisme et la sécurité des journalistes a répertorié plusieurs incidents liés à la manifestation française, notamment des témoignages de journalistes harcelés par des insultes racistes, des manifestants attaquant des reporters de télévision à Montpellier, tentant de pénétrer dans une salle de presse du journal Midi Libre, et des journalistes attaqués ou menacés. Dans un cas, un groupe de journalistes des équipes BFM TV et CNews a échappé à ce que le COE a décrit comme une tentative de lynchage. Le Conseil de l’Europe a signalé que la police de Bruxelles a violemment détenu un journaliste qui filmait les affrontements.
Un journaliste couvrant des événements à Paris, qui s’est entretenu avec le CPJ sous condition d’anonymat, a déclaré que la majorité des manifestants n’étaient pas menaçants, mais lorsque la police a commencé à réprimer la tension a augmenté. Les blessures par écrasement étaient une source d’inquiétude, car il était facile de tomber et d’être blessé lorsque les foules s’enfuyaient pour éviter le canon à eau qui avançait.
Les journalistes peuvent minimiser le risque en respectant les directives du CPJ ci-dessous.
Soyez prêt :
- Planifiez la mission et assurez-vous que vous avez une batterie complète sur votre téléphone portable. Connaitre la zone où vous allez. Pensez à l’avance à ce qu’il faut faire en cas d’urgence.
- Essayez toujours de travailler avec un collègue et d’avoir une procédure d’enregistrement régulière avec votre base – particulièrement si vous couvrez des rassemblements ou des événements bondés.
- Portez des vêtements et des chaussures qui vous permettent de bouger rapidement. Évitez de porter des colliers, des queues de cheval, des longes ou tout objet pouvant être saisi, ainsi que des matières inflammables telles que le nylon.
- Tenez compte de votre position. Essayez de trouver une position élevée qui peut offrir une plus grande sécurité.
- En tout lieu, planifiez toujours une voie d’évacuation. Si vous travaillez avec d’autres, choisissez un lieu de rendez-vous d’urgence.
- Ayez une connaissance de la situation en tout temps et limitez les objets de valeur en votre possession. Ne laissez aucun équipement dans les véhicules. À la nuit tombée, le risque d’actions criminelles augmente.
- Si vous travaillez dans une foule, planifiez une stratégie. Essayez de rester à l’extérieur de la foule et d’éviter le milieu, où il est difficile de s’échapper. Identifiez une voie d’évacuation.
Dans les cas où des gaz lacrymogènes peuvent être utilisés :
- Portez un équipement de protection individuelle, y compris un masque à gaz, une protection oculaire, une armure corporelle et un casque.
- Les lentilles de contact ne sont pas recommandées.
- Les personnes souffrant d’asthme ou de problèmes respiratoires doivent éviter les zones où des gaz lacrymogènes sont utilisés. Lorsque de grandes quantités de gaz lacrymogène sont utilisées, il est possible que des concentrations élevées de gaz soient présentes dans des zones sans mouvement d’air.
- Prenez note des points de repère (par exemple les poteaux, les bordures) qui peuvent être utilisés pour vous aider à naviguer hors d’une zone si vous avez du mal à voir.
- Si vous êtes exposé au gaz lacrymogène, essayez de trouver un terrain plus élevé et restez à l’air frais pour permettre à la brise d’emporter le gaz. Ne frottez pas vos yeux ou votre visage. Lorsque vous en avez la possibilité, prenez une douche à l’eau froide pour éliminer le gaz sur votre peau, mais ne vous baignez pas. Il peut être nécessaire de laver plusieurs fois les vêtements pour éliminer complètement les cristaux ou de les jeter.
Lorsque vous faites face à une agression :
- Lisez le langage corporel et utilisez votre propre langage corporel pour apaiser une situation.
- Gardez le contact visuel avec un agresseur, utilisez des gestes de la main ouverte et continuez à parler avec calme.
- Gardez votre main étendue en direction de la menace. Reculez et si quelqu’un vous saisit, retirez-vous fermement de la prise sans agression. Si vous êtes acculé et en danger, criez.
- Si la situation dégénère, gardez une main libre pour protéger votre tête et déplacez-vous avec des gestes brefs et délibérés pour éviter de tomber. Si vous faites partie d’une équipe, restez ensemble et liez les bras.
- Soyez conscient de la situation et de votre propre sécurité. Bien qu’il y ait des moments où documenter l’agression peut être digne d’intérêt, prendre des photos d’individus agressifs peut aggraver la situation.
Les journalistes qui ont besoin d’aide peuvent prendre contact avec le CPJ en écrivant à [email protected].
Le Guide de Sécurité du CPJ à l’intention des Journalistes contient des informations supplémentaires sur la préparation de base, l’évaluation des risques et les mesures à prendre en cas de risques, ou les mesures de sécurité pendant la couverture des conflits et des troubles civils. Le centre des ressources du CPJ dispose d’informations et d’outils supplémentaires pour la préparation de l’affectation préalable et l’assistance post-incident.