Pape Alé Niang, journaliste d’investigation de Dakarmatin, a été arrêté le 6 novembre 2022 à Dakar après avoir été accusé par la police de violation du secret professionnel et de publication d’informations de nature à nuire à la défense nationale et à la sécurité publique. (Capture d’écran : YouTube/Dakarmatin)

Le journaliste sénégalais Pape Alé Niang inculpé d’atteinte à la défense nationale suite à un reportage sur un document ayant fuité

Dakar, le 14 novembre 2022 — Les autorités sénégalaises doivent abandonner toutes les charges retenues contre le journaliste Pape Alé Niang, le libérer et réformer les lois du pays pour veiller à ce que le journalisme ne soit pas criminalisé, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 6 novembre, le police a arrêté Niang, directeur du site Web privé Dakarmatin, dans la capitale, Dakar. Le 9 novembre, un procureur local l’a inculpé de divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale, de recel de documents administratifs et militaires et de diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques, selon l’un de ses avocats, Ciré Cldédor Ly, qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone, les médias locaux et des groupes régionaux de défense de la liberté de la presse.

Ly a déclaré que les accusations font suite à une vidéo publiée le 3 novembre par Dakarmatin dans laquelle Niang a relayé le contenu d’un rapport interne de la gendarmerie censé exonérer Ousmane Sonko, chef de l’opposition et candidat à la présidentielle de 2024, inculpé de viol.

Niang risque une peine maximale de 5 ans de prison et a été inculpé en vertu des articles 64, 80, 255, 370 et 430 du Code pénal sénégalais, a déclaré Ly.

« Les autorités sénégalaises doivent abandonner toutes les charges retenues contre le journaliste Pape Alé Niang suite à son reportage vidéo sur un document ayant fuité et le libérer immédiatement. Les autorités doivent également permettre à Niang d’exercer son métier librement, sans futur harcèlement, et réformer les lois du pays pour s’assurer que les actes de journalisme ne sont pas criminalisés », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Il n’y a aucune raison pour qu’au Sénégal, pays souvent salué comme l’une des démocraties les plus stables du continent, les journalistes continuent de faire face à la menace de l’emprisonnement pour leur travail. » 

Ly a déclaré au CPJ que Niang est dans une prison de Dakar où, en vertu de la procédure en vigueur au Sénégal, il pourrait passer six à huit mois avant son procès. Les chefs d’accusation très lourds choisis par le procureur rendent la détention prolongée du journaliste plus probable, selon Ly.

Le CPJ a envoyé des questions au ministère sénégalais de la Justice via Facebook mais n’a reçu aucune réponse.

Dans une autre affaire, le 5 novembre, un policier a violemment poussé par terre Fatou Dione, journaliste du média en ligne privé Buur News, alors qu’elle filmait des arrestations lors d’une manifestation à Dakar appelant à la libération de prisonniers politiques, selon les médias, une vidéo prise par un autre journaliste et visionnée par le CPJ, et Dione, qui s’est entretenue avec le CPJ par téléphone. Dione a déclaré au CPJ qu’elle avait reçu un coup et avait perdu connaissance, et qu’elle avait ensuite été soignée pour des courbatures.

Le CPJ a appelé le porte-parole de la police sénégalaise Mouhamed Guèye, mais en vain.