Un journaliste rwandais condamné à un an de prison

Nairobi, le 15 novembre 2012Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a  aujourd’hui récusé la peine de prison prononcée mercredi dernier par une cour d’appel au Rwanda contre un journaliste. Le CPJ exhorte ainsi les autorités rwandaises à le libérer en attendant son appel déjà prévu.

La tribunal intermédiaire de Gasabo, un district de  Kigali, la capitale rwandaise, a condamné Stanley Gatera, rédacteur en chef d’Umusingi, un hebdomadaire privé en langue kinyarwanda, à une peine d’emprisonnement d’un an et une amende de 30.000 francs rwandais (soit 50 dollars américains), selon des journalistes locaux et des médias.  Gatera a été reconnu coupable d’inciter au divisionnisme, de dévaloriser le sexe féminin et de semer la division entre hommes et femmes en général dans un article publié en juin dernier par Umusingi.

L’article, intitulé « Shangazi » (Chère tante), a insinué que les hommes qui épousent les femmes tutsies à cause de leur beauté risquent de le regretter, selon une copie traduite de l’article étudiée par le CPJ. La police a publié un communiqué disant qu’elle a arrêté M. Gatera le 1er août dernier après avoir reçu des plaintes de groupes de femmes.

Le procureur de la République a déclaré au tribunal que l’article enfreint les lois du pays sur la référence à l’identité ethnique, ont dit au CPJ des journalistes. En vertu du code pénal rwandais, le fait de faire référence de manière trop provocante à l’origine ethnique est un crime passible de peines de prison, selon des médias.

M. Gatera, qui s’est défendu lors de son procès, a déclaré que le journal avait publié des excuses de sa part dans un numéro suivant, ont confié des journalistes locaux au CPJ. Mais la police dans son communiqué a qualifié cela de « déni d’actes répréhensibles ».

Ce journaliste, âgé de  22ans, est détenu à la prison de Kimironko sise à Kigali et envisage de faire appel de la condamnation, ont déclaré des journalistes locaux.

 « Des lecteurs peuvent avoir été offensés par cette articles, mais cela ne veut pas dire que Stanley Gatera devrait être mis en prison », a déclaré Tom Rhodes,  consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. « Nous demandons au tribunal de le libérer immédiatement en attendant l’appel et de lever les sanctions disproportionnées contre lui », a-t-il ajouté.

Il convient de souligner que l’hebdomadaire Umusingi a été ciblé dans le passé. En février 2011, le site web du journal avait  été temporairement bloqué au Rwanda après la publication d’une interview avec un général dissident rwandais en exil en Afrique du Sud. Le fondateur et ancien directeur général du journal Nelson Gatsimbazi a fui le pays en août 2011 après avoir été informé de son arrestation imminente sur des accusations de divisionnisme fondées sur une plainte déposée par un autre journaliste en 2008, ont dit au CPJ des journalistes locaux. En décembre 2010, M. Gatsimbazi a été accusé par le conseiller présidentiel à la sécurité de travailler avec des « ennemis de l’État », selon des médias.

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