RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE: Le CPJ demande la libération immédiate de Maka Gbossokotto


New York, le 6 août 2004
A Son Excellence François Bozizé
Président de la République Centrafricaine,
S/C Ambassade de la République Centrafricaine
1618 22nd Street, NW
Washington, DC 20008

Fax : (202) 332-9893

Excellence, Monsieur le Président de la République,

Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) voudrait par la présente protester contre le maintien en détention de Monsieur Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien privé de langue française Le Citoyen, dont le verdict du procès pénal en diffamation est attendu pour le lundi 9 août. Nous sommes également très préoccupés par les récentes menaces proférées contre la presse privée indépendante, menaces qui apparaissent comme une tentative d’empêcher celle-ci de formuler des critiques à l’encontre des autorités.

Gbossokotto était interpellé à Bangui le 8 juillet, suite à une plainte en diffamation déposée contre lui par Jean-Serge Wafio, ancien directeur général de l’Energie Centrafricaine (ENERCA). La plainte a été déposée en réaction à une série d’articles publiés dans Le Citoyen, accusant M. Wafio de mauvaise gestion et détournement de fonds, selon des sources locales et la presse internationale. Au cours du procès de Maka Gbossokotto le vendredi 16 juillet 2004, le procureur de la République a requis une peine d’emprisonnement ferme d’un an.

Gbossokotto a été arrête le même jour où le Ministre de la Communication, Parfait Mbaye, a diffusé sur les antennes de la radio d’état un communiqué très critique envers la presse privée. Le ministre Mbaye a accusé « certains organes de la presse privée indépendante » de « désinformer, manipuler, et de nuire à l’image des plus hautes personnalités de l’Etat, » a rapporté l’Agence France-Presse (AFP).

Le 9 juillet, M. Sylvain N’zas, procureur général près la Cour d’appel de la République Centrafricaine, a publiquement accusé la presse privée de manquer de respect aux autorités, et les a menacés de poursuites judiciaires. « Les attaques contre le chef de l’Etat et les ministres ont atteint des proportions inacceptables, » a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec des directeurs de publication, selon l’AFP.

Il n’ést pas clair quels articles auraient provoqué ces paroles, selon les sources locales. Elles notent pourtant que la presse indépendante critique souvent les actions de votre gouvernement et publie des allégations de corruption à la veille d’élections législatives et présidentielles prévues pour l’année prochaine.

Il convient également de rappeler que Monsieur Judes Zossé, directeur de publication d’un autre quotidien privé dénommé L’Hirondelle a été libéré de prison le 14 mai 2004 après y avoir passé deux mois sur six prévus pour une présumée diffamation contre Votre Excellence.

Nous prions instamment Votre Excellence de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour veiller à ce que Maka Gbossokotto soit libéré immédiatement et que les sanctions pénales pour les délits de presse soient retirées des lois de la République Centrafricaine. Nous voudrions rappeler l’engagement que vous avez pris en faveur du respect de la liberté de la presse, et vous demandons d’assurer un climat permettant aux journalistes de faire leur travail en toute liberté, sans crainte de représailles.

Nous vous remercions, Monsieur le Président, pour l’attention que vous voudrez bien consacrer à cette lettre.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions, Monsieur le Président, de bien vouloir agréer nos salutations les plus respectueuses.

Ann K. Cooper
Directrice