Dakar, le 10 avril 2024 — Le Comité pour la protection des journalistes salue la libération du journaliste et directeur de publication de La Dépêche, Apollinaire Mewenemesse, et appelle les autorités togolaises à lever les conditions imposées à sa liberté, à abandonner toutes les charges retenues contre lui et à cesser de criminaliser le journalisme.
Le 9 avril, un tribunal de Lomé, la capitale du Togo, a libéré Mewenemesse sous contrôle judiciaire, selon son avocat Darius Atsoo, qui s’est entretenu avec le CPJ, et les médias. Atsoo a déclaré au CPJ que le tribunal a interdit à Mewenemesse de faire des déclarations liées à sa procédure judiciaire, lui a interdit de quitter le territoire du district du Grand Lomé sans autorisation et a ordonné la saisie de son passeport. En outre, Mewenemesse a été invité à se présenter deux fois par mois au tribunal pour pointer au greffe du tribunal et à se rendre disponible pour les prochaines dates d’audience, a déclaré Atsoo.
Mewenemesse a été arrêté le 26 mars et mis en examen le 28 mars pour diffusion de fausses nouvelles et autres accusations d’activités hostiles envers l’État en lien avec un article de La Dépêche du 28 février qui remettait en question les conclusions d’un procès pour meurtre d’un officier de l’armée. Au début du mois de mars, l’organe de régulation des médias du Togo a suspendu l’hebdomadaire privé pour trois mois en raison de ce même article.
« Les autorités togolaises doivent lever les lourdes contraintes imposées au journaliste Apollinaire Mewenemesse comme conditions à sa libération et abandonner toutes les charges qui pèsent sur lui », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ, depuis New York. « Mewenemesse n’aurait jamais dû passer deux semaines en détention et les autorités togolaises doivent réformer les lois et règlements de leur pays afin de garantir que le travail des journalistes ne soit pas criminalisé. »
Depuis quelques années, les journalistes togolais font l’objet d’un nombre croissant de poursuites pénales en lien avec leur travail. Le 8 avril, le gouvernement togolais a lancé un avertissement concernant la « diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, de nature à troubler l’ordre public ». De telles infractions, a déclaré le gouvernement, seraient punies par le code pénal et d’autres textes et règlements, y compris le code de la presse et des communications.
En octobre 1998, le CPJ a écrit au gouvernement togolais pour protester contre l’arrestation de Mewenemesse à l’époque et la saisie du numéro du 15 octobre 1998 de son journal à la suite d’une plainte en diffamation déposée par Assani Tidjani, alors ministre de la Défense du Togo.