Des policiers armés en congé manifestent à Port-au-Prince, Haïti, le 23 février 2020. Des personnes s'identifiant comme des policiers ont commis un incendie criminel contre le diffuseur local Radio Télévision Caraïbes. (AP / Dieu Nalio Chery)
Des policiers armés en congé manifestent à Port-au-Prince, Haïti, le 23 février 2020. Des personnes s'identifiant comme des policiers ont commis un incendie criminel contre le diffuseur local Radio Télévision Caraïbes. (AP / Dieu Nalio Chery)

Le diffuseur haïtien Radio Télévision Caraïbes fait l’objet d’un incendie criminel

Miami, le 26 février 2020 – Les autorités haïtiennes doivent procéder rapidement à une enquête approfondie sur l’incendie criminel subi par les bureaux de Radio Télévision Caraïbes et traduire les responsables en justice, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes.

L’après-midi du 23 février, un groupe d’individus masqués et armés de fusils prétendant être membres de la Police nationale haïtienne a attaqué les locaux de Radio Télévision Caraïbes, une station de radiotélévision privée à Port-au-Prince, la capitale. Le groupe a mis le feu à plusieurs véhicules, a brisé des fenêtres et cassé du matériel de radiodiffusion, selon les médias locaux et une déclaration du radiodiffuseur.

L’attaque est intervenue au milieu d’une manifestation organisée par la Police nationale haïtienne visant à obtenir de meilleurs salaires, au cours de laquelle des agents de police ont tiré en l’air et ont vandalisé des biens de l’État, selon les médias. La déclaration du radiodiffuseur a précisé que les incendiaires « prétendaient faire partie » de la manifestation de la police.

Marc Anderson Bregard, directeur des programmes à la station de radiotélévision, a dit au CPJ dans un entretien téléphonique que personne n’a été blessé au cours de cet incident.

« Les autorités haïtiennes doivent mener une enquête approfondie pour établir si des agents de la Police nationale haïtienne ont participé à l’attaque contre Radio Télévision Caraïbes et faire en sorte que les auteurs soient traduits en justice », a déclaré à New York Natalie Southwick, Coordinatrice du Programme Amérique centrale et du Sud du CPJ. « Les journalistes sont déjà exposés à des niveaux élevés de violence en Haïti. La possibilité que des agents de police soient les auteurs de cette attaque devrait suffire pour sonner l’arme devant les menaces graves auxquelles est confrontée la presse et dont le gouvernement ne se préoccupe pas.

Bregard a précisé que la station couvrait en direct la manifestation lorsque le groupe a fait irruption dans les locaux et a mis le feu à l’intérieur, ce qui a brutalement mis fin à l’émission.

Il a expliqué au CPJ que le directeur de la Police nationale, Normil Rameau, a informé la station qu’une enquête serait menée sur l’attaque. Bregard a confirmé que la station a repris ces émissions.

Lorsque le CPJ a appelé la Police nationale haïtienne pour demander des commentaires, il a été renvoyé au numéro du commissariat de Port-au-Prince. L’agent qui a répondu au téléphone a affirmé qu’une enquête avait été lancée sur l’incident.

En novembre 2019, le CPJ et Reporters sans frontières ont écrit une lettre aux autorités haïtiennes les exhortant à enquêter sur les attaques contre les journalistes.