Journalistes, pas terroristes


Recommandations

Le Comité pour la protection des journalistes formule les recommandations suivantes :

Au gouvernement du Cameroun :

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  • Libérer tous les journalistes emprisonnés et promouvoir un environnement propice à la liberté de la presse en révisant sa législation anti-terroriste de 2014 afin de garantir qu’elle ne puisse pas être utilisée pour emprisonner les journalistes ; dépénaliser la diffamation ; veiller à ce que les forces de la sécurité respectent la confidentialité des sources d’information des journalistes.
  • S’assurer que la loi anti-terroriste camerounaise se conforme aux normes internationales relatives aux droits de l’homme et mettre fin au recours aux tribunaux militaires et à la peine de mort dans les procès concernant des civils.
  • Abolir la détention sans procès et s’assurer que les arrestations et les détentions sont conformes au droit international relatif aux droits de l’homme.
  • Diligenter une enquête indépendante sur les allégations selon lesquelles les services de renseignement auraient torturé le journaliste de RFI, Ahmed Abba, pendant sa détention. Enquêter sur les allégations selon lesquelles les journalistes qui ont été détenus au siège de la Gendarmerie nationale à Yaoundé ont été exposés à des mauvais traitements et à des conditions inhumaines.
  • Ordonner au gouvernement et au Conseil National de la Communication de cesser de menacer la viabilité des organes de presse critiques.
  • Supprimer le Conseil National de la Communication et mettre en place un nouvel organe de régulation indépendant doté de pouvoirs strictement définis, selon le même schéma que la Federal Communications Commission (Commission fédérale des communications) aux États-Unis.
  • Autoriser les médias à mettre en place des organismes autorégulateurs sans ingérence du gouvernement.
  • Veiller à ce que des associations indépendantes et auto-réglementées, telles que le Consortium des associations de journalisme, soient en mesure de mener leurs activités en toute liberté et sans ingérence.
  • Fournir des visas aux groupes internationaux de défense des droits de l’homme, notamment au CPJ et aux journalistes afin qu’ils puissent enquêter et faire des rapports sur les conditions au Cameroun.

Aux organisations internationales :

  • Les rapporteurs spéciaux des Nations Unies et de l’Union africaine sur la liberté d’expression, devraient mener des enquêtes indépendantes sur les conditions relatives à la liberté de la presse au Cameroun en amont de son Examen périodique universel (EPU).
  • Le Groupe de travail sur la détention arbitraire au bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) devrait enquêter sur les arrestations arbitraires et la détention prolongée des journalistes au Cameroun.
  • La Confédération africaine de football devrait insister pour que le gouvernement du Cameroun libère tous les journalistes emprisonnés et assure la libre circulation de la presse avant d’accueillir la Coupe d’Afrique des nations en 2019.

À la Communauté internationale

  • Dénoncer fortement et catégoriquement le maintien en détention des journalistes au Cameroun et réfuter sa tentative d’assimiler le journalisme au terrorisme.
  • Les membres de la Force multinationale mixte (FMM) doivent s’assurer que le Cameroun se conforme aux normes internationales des droits de l’homme et que toute aide financière ou autre fournie par le mécanisme, s’aligne sur l’obligation de garantir le respect des droits de la personne, des libertés fondamentales et de l’État de droit conformément à la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité des Nations Unies.
  • S’assurer que les recommandations relatives à une plus grande liberté des médias figurent au premier rang de l’Examen périodique universel des droits de l’homme du Cameroun, lors du troisième examen au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui doit avoir lieu en 2018.

À l’Union européenne et aux États membres de l’U.E.

  • Condamner publiquement, conformément aux orientations de l’UE relatives à la liberté d’expression en ligne et hors ligne, les restrictions à l’encontre des journalistes au Cameroun, en soumettant notamment aux autorités camerounaises, la question des journalistes détenus et en réclamant leur libération.
  • Soutenir la Délégation de l’Union européenne au Cameroun, et les autres missions diplomatiques auprès des États membres importants de l’Union européenne, en vue d’assurer une réaction rapide contre toute restriction visant les activités des journalistes, et notamment de garantir l’observation détaillée de leurs procès, les visites aux journalistes incarcérés et le maintien actif du contact avec les journalistes marginalisés ou en danger, ainsi qu’avec leurs proches et leurs collègues.
  • Demander le remaniement de la loi anti-terroriste du Cameroun et du Conseil National de la Communication, et proposer d’assister le pays à procéder à ces changements.