Beaucoup de dirigeants africains continuent d’offrir un faux choix entre la stabilité et la liberté de la presse. Emboitant la Chine, investisseur majeur, ils insistent d’avantage sur la stabilité sociale que sur l’ouverture et la réforme. Par Mohamed Keita
Tommo Monthe, un diplomate chevronné camerounais, est intervenu lors d’un forum sur les droits de l’homme aux côtés du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, prônant la primauté du… développement. « La pauvreté est un obstacle à la jouissance des droits », a déclaré M. Monthe lors de ce forum qui s’est tenu en octobre 2011 au siège de l’ONU. « Les routes, les pompes, les chemins de fer, tous les types d’infrastructures de développement en Afrique sont essentiels à la jouissance de ces droits ». Cependant, les autorités camerounaises ont détenu et harcelé des dizaines de journalistes ces dernières années pour avoir minutieusement rendu compte de l’utilisation de fonds publics destinés uniquement pour ces types d’infrastructures. Parmi ceux-ci figurait Cyrille Ngota Ngota Germain, le directeur de publication d’un journal qui est mort en garde à vue en 2010 ; il a été emprisonné pour avoir enquêté sur des allégations de corruption publique dans le secteur des hydrocarbures.
De plus en plus, les dirigeants africains soutiennent que la liberté de la presse et les droits humains sont inaccessibles tant que la pauvreté persiste. Ils invoquent « l’intérêt supérieur de la nation » à suivre leurs plans de développement, réels ou non, et à éradiquer la pauvreté comme raison pour réprimer la presse indépendante et les voix dissidentes. Emboitant le pas de la Chine, qui a un rôle croissant sur le continent comme un investisseur et modèle, ils se focalisent sur la stabilité sociale et le développement au détriment de l’ouverture et de la réforme. En conséquence, les priorités nationales, les dépenses publiques et la corruption restent indiscutables. La dissidence politique est étouffée et le vécu des personnes exclues du développement économique, en particulier en milieu rural, est passé sous silence.
En janvier, par exemple, le président sortant de l’Union africaine (UA), le chef de l’État du Malawi, Bingu wa Mutharika, a promulgué un amendement au code pénal du pays donnant au ministre de l’Information le pouvoir illimité de bloquer les reportages sur toute actualité que le gouvernement juge comme n’étant pas d’intérêt public. Cette décision est survenue tandis que les membres du parti au pouvoir demandaient un certain nombre d’injonctions judiciaires en vue d’arrêter tout journalisme d’investigation sur la gestion des fonds publics, notamment le paiement des salaires exorbitants à des fonctionnaires. Des organisations des médias et de la société civile ont contesté la constitutionnalité de l’amendement, et son application a été suspendue en attendant une décision de la Haute Cour.
« La pauvreté a rendu les gens cyniques au sujet des droits humains et de la démocratie », a déclaré Faith Pansy Tlaluka, rapporteur spécial de l’UA sur la liberté d’expression. Toutefois, elle a noté le lien inhérent entre la liberté de la presse et l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), huit objectifs de lutte contre la pauvreté que les dirigeants du monde se sont engagés en 2000 à atteindre en 2015. « Il n’est guère possible d’atteindre ces [objectifs] sans la participation des citoyens, la liberté d’expression et d’information », a-t-elle dit.
Pourtant, de nombreux dirigeants africains continuent d’offrir un faux choix erroné entre la stabilité et la liberté de la presse, invoquant la primauté du développement économique pour justifier les restrictions exercées sur la presse. En mars, le président gambien, Yahya Jammeh, a carrément mis en garde les journalistes en ces termes. « Si vous vous intéressez au développement, si vous voulez la paix et la stabilité, alors vous n’avez rien à craindre de moi », a dit M. Jammeh. Se faisant appeler « dictateur du développement », le président gambien a déclaré qu’il ne sacrifierait pas la stabilité de la Gambie pour la liberté d’expression ou la liberté de la presse. « Vous avez un rôle positif à jouer dans le développement national, la paix et la stabilité », a-t-il dit aux journalistes. Cet avertissement cherchait à dissuader la presse locale de faire des reportages sur les violations des droits humains, tandis que le gouvernement poursuivait une agressive campagne internationale de marketing pour relancer son secteur touristique.
En mai, le président ougandais, Yoweri Museveni, a accusé les médias locaux et internationaux de porter atteinte aux intérêts économiques nationaux en couvrant la répression brutale des manifestations dirigées par l’opposition contre les prix élevés du carburant. Qualifiant les médias indépendants d’« irresponsables» et d’« ennemis du rétablissement de l’Ouganda », M. Museveni a affirmé que la couverture médiatique a effrayé certains des touristes qui avaient l’intention de se rendre en Ouganda, ainsi que des investisseurs étrangers. Le gouvernement de Museveni a ainsi soumis un projet de loi au Parlement pour pénaliser les reportages que le gouvernement considère comme du « sabotage économique ».
Reprenant la rhétorique de M. Museveni, le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, a affirmé en juillet que c’était la couverture médiatique critique qui a entravé le progrès de l’Afrique. « L’Afrique est en voie de développement afin d’aller au delà de la mauvaise image que certains médias utilisent », a déclaré M. Obiang, dont le gouvernement a saisi en juin des images peu flatteuses de bidonvilles d’une équipe de la télévision allemande ZDF. S’exprimant au sujet du pays qu’il a gouverné pendant plus de 32 ans au cours desquels la liberté de la presse et la dissidence ont été réprimées, M. Obiang a prétendu que les citoyens étaient « largement satisfaits » de ses progrès. Pour diffuser ce message plus amplement, le gouvernement de M. Obiang a engagé des cabinets internationaux de relations publiques pour publier des communiqués de presse élogieux sur les progrès de son pays en matière de développement, selon des médias. Mais en fait, la Guinée équatoriale est restée dans le dernier tiers sur plusieurs indicateurs de développement, notamment l’Indice Mo Ibrahim, qui évalue la qualité de la gouvernance, l’Indice de perception de la corruption de Transparence International, et l’Indice du développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La Guinée équatoriale s’est mal classée même si un boom pétrolier et des investissements chinois dans le secteur des infrastructures ont boosté son économie.
La Chine a dépassé l’Occident en tant le que plus important partenaire commercial de l’Afrique en 2009, selon des médias, et le symbole le plus imposant de l’influence de la Chine pourrait être l’extension massive du siège de l’Union africaine (AU) réalisée par la firme chinoise China State Construction Engineering Corp. pour un montant de 150 millions de dollars américains. Un sommet de Pékin en 2006 entre les dirigeants chinois et africains a jeté les bases d’une coopération, une alternative à la dépendance vis-à-vis de l’Occident avec ses exigences en matière de droits de l’homme et de réforme.
Sur les 11 économies africaines identifiées par la Banque mondiale comme parmi celles ayant enregistré la plus forte croissance économique au monde en 2011, seules cinq, notamment le Ghana, le Botswana, le Mozambique, la Tanzanie et le Nigeria, avaient un niveau décent de liberté de la presse, selon le rapport annuel du CPJ. Les autres, l’Éthiopie, la République démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Zimbabwe, le Rwanda et la République du Congo, ont adopté une approche autoritaire vis-à-vis de la presse qui était très semblable à celle de Pékin. Combinés, ces pays ont reçu plus d’un cinquième du total des investissements directs étrangers de la Chine en 2010, selon les données du gouvernement chinois.
Suivant le chemin des dirigeants chinois, les anciens rebelles marxistes qui gouvernent l’Éthiopie depuis 1991 ont bloqué des sites Internet diffusant des opinions politiques dissidentes avec ce qui est « la plus vaste » infrastructure de censure d’Internet en Afrique sub-saharienne, selon Rebekah Heacock, coordonnatrice de projet à OpenNet Initiative, un groupe de recherche étudiant le filtrage et les pratiques de surveillance en ligne au niveau mondial. Le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, a emprisonné des dissidents et promulgué des lois imposant des restrictions sévères à la presse, à l’opposition politique et à la société civile; tout comme la Chine, l’Éthiopie est l’un des pays qui emprisonne le plus de journalistes au monde.
« Nous ne suivons pas les principes de démocratie libérale que les pays occidentaux nous poussent à suivre », a affirmé le vice-Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, dans une interview en octobre 2010 avec la chaîne américaine, la Voix de l’Amérique (VOA). «Notre stratégie est totalement différente de la manière ou de l’approche occidentale, parce que nous devons sortir de cette pauvreté endémique dès que possible », a-t-il dit. En juillet, devant un panel de la Commission des Droits de l’homme des Nations unies à Genève, Genenew Assefa, un conseiller politique principal auprès du gouvernement éthiopien, a déclaré que pour l’administration, le développement l’emportait sur les droits humains. S’exprimant sur le plan quinquennal de développement du gouvernement, M. Assefa a dit: « Cela est fondé sur l’idée que sans le bien-être, sans la sécurité alimentaire, tous les autres droits démocratiques seraient vains. Le peuple est affamé, n’est-ce pas? La priorité devrait être de vaincre la pauvreté abjecte et d’assurer la sécurité des citoyens, et c’est la direction que mon pays est en train de suivre », a-t-il souligné.
En avril, M. Zenawi a annoncé des projets de construction du plus grand barrage hydroélectrique de l’Afrique sur le Nil Bleu. Selon des médias, le barrage fait partie d’un plan quinquennal de croissance qui met l’accent sur, entre autres, les infrastructures dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications. En effet la société chinoise ZTE Corp. a installé et financé un réseau de télécommunication en Éthiopie pour un montant de 1,5 milliards de dollars américains, selon des médias. L’ancien président éthiopien, Negasso Gidada, a déclaré dans une interview en octobre avec le journal américain The Christian Science Monitor, que le parti au pouvoir est tellement convaincu que seul son leadership peut conduire le pays vers la prospérité qu’il croit que « toutes les autres organisations devraient être embarquées à bord ou éliminées ».
Les médias critiquant le régime sont apparemment parmi ces organisations. À partir de juin, les autorités éthiopiennes ont invoqué un complot vague et non fondé pour détruire les infrastructures électriques et de télécommunications pour justifier l’arrestation de quatre journalistes locaux en vertu de la loi antiterroriste de grande envergure du pays. Tous les journalistes avaient critiqué les politiques du régime dans des articles. La chroniqueuse Reeyot Alemu de l’hebdomadaire Feteh, par exemple, avait reproché au parti au pouvoir d’avoir accordé peu d’attention à la démocratisation et aux droits de l’homme dans son plan de développement du pays, et le blogueur dissident Eskinder Nega avait critiqué la politique diplomatique de M. Zenawi avec l’Egypte sur le projet de barrage, selon des recherches du CPJ. S’exprimant sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles contre ses proches restés en Éthiopie, un ancien journaliste des médias d’État éthiopiens a déclaré au CPJ que les responsables du parti au pouvoir, nommés à des postes de responsabilité au niveau des rédactions, dissuadaient les journalistes de faire des reportages d’investigation analysant de manière critique le plan du gouvernement. « Ils m’ont dit que les médias devaient promouvoir le développement », a déclaré l’ancien journaliste.
Une étude de 2010 de l’Université d’Oxford sur l’influence de la Chine sur les médias africains a cité les principes se recoupant partiellement du « reportage positif » en Chine et du « journalisme de développement » en Afrique. Ces principes soulignent tous les deux l’importance de se focaliser sur des réalisations collectives et d’offrir aux citoyens des outils pour contribuer au développement national plutôt que de rendre compte de l’actualité concernant des sujets controversés ou des nouvelles sensationnelles négatives. Le rapport a noté que les Chinois ont intensifié la formation des journalistes africains à partir de 2005, dans un engagement qui « privilégie les médias d’État au détriment des médias privés, par opposition à l’accent mis en Occident sur le soutien à la société civile ou à la presse privée.
Le « journalisme de développement » en Afrique a émergé après les indépendances, à l’époque de la guerre froide dans les années 1960 et 1970. « Le journalisme de développement était soi-disant un effort pour rendre compte de l’actualité sur les questions de développement, mais il a généralement été fondé sur la propagande, souvent destinée exclusivement à favoriser un gouvernement particulier », a déclaré le journaliste chevronné et professeur de journalisme, Arnold Zeitlin. Selon Bill Saidi, un journaliste zimbabwéen chevronné, les gouvernements d’après les indépendances en Afrique australe s’attendent encore à ce que les médias fassent du journalisme de développement. « Toute critique au gouvernement est considérée comme « antipatriotique » et « déloyal(e) », a-t-il dit.
En Afrique du Sud, qui est le plus important partenaire commercial de la Chine en Afrique sub-saharienne, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir a fustigé la presse indépendante, disant qu’elle viole l’éthique journalistique, et la qualifiant de tendancieuse et sous l’influence occidentale. Cette réaction fait suite aux reportages des médias indépendants concernant le bilan de l’ANC en matière de pauvreté, de criminalité et de corruption. En juin, le porte-parole du gouvernement, Jimmy Manyi, a annoncé une nouvelle politique consistant à allouer les dépenses publicitaires publiques aux médias qui « disent la vérité » sur les réalisations du parti dans la lutte contre la pauvreté, selon des médias. Le mois suivant, le ministre des Sports, Fikile MbaLula, a accusé les médias locaux de pratiquer le journalisme « à la britannique » en passant au crible les relations d’affaires privées des leaders des jeunes du parti au pouvoir, qui, dit-il, « ont soulevé des questions litigieuses au profit de la majorité de notre peuple, qui sont noirs et sans terre ».
Andrew Kanyegirire, ancien journaliste maintenant chargé de communication pour une agence de l’Union africaine qui promeut la démocratie et le développement, a déclaré que le concept journalistique « se détacher, être véridique, être neutre, rapporter ce qu’on voit, faire les choses dans l’intérêt d’être un observateur » est devenu « non-africain » aux yeux de certains dirigeants et faiseurs d’opinion.
« Au niveau continental, les années 1980 ont été une décennie perdue en termes de développement, avec la famine, par exemple. Les années 1990 portaient sur l’instauration de la bonne gouvernance, la démocratie comme base du développement, avec des élections, une presse libre, les droits de l’homme, les libertés civiles », a déclaré M. Kanyegirire. L’engagement en 2000 pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit, a marqué un changement. « En ce qui me concerne, nous étions en train de retourner aux années 1960, 1970, où l’objectif final était le développement », a déclaré M. Kanyegirire. « Ici, on s’attend à ce que tous les secteurs clés, les organismes, les sphères de la société, se focalisent sur le développement, ce qui s’applique aux médias et aux journalistes. Il ya donc un appel voilé, implicite pour rendre crédible le père de la nation, ou la mère de la nation », a-t-il souligné.
Cette notion s’est étendue aussi loin que la couverture du sport. Lors d’une conférence de presse en mars suite à la défaite du Cameroun face au Sénégal au cours des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, l’attaquant camerounais, Samuel Eto’o, s’en est pris au journaliste sénégalais Moussa Tandian après que le journaliste lui a posé une question sur les performances décevantes de son équipe. « Vous, les journalistes, certains journalistes comme vous, vous qui ne voulez pas que l’Afrique avance, vous qui ne voulez pas que le Cameroun avance, vous êtes toujours négatifs. Essayez de changer un peu », a déclaré Eto’o, montrant M. Tandian du doigt.
Même certains membres de la communauté des bailleurs occidentaux ont semblé mettre en balance l’importance du développement et celle des droits de l’homme. Lorsqu’un journaliste du quotidien suédois Dagens Nyheter a interrogé la ministre suédoise de la Coopération internationale au développement, Gunilla Carlsson, à propos de l’aide de Stockholm d’un montant de 37 millions de dollars américains à l’Ethiopie suite à l’emprisonnement à Addis-Abeba, de deux journalistes suédois, M. Carlsson a déclaré: « Nous avons été clairs sur ce que nous considérons comme déficits majeurs en matière de démocratie et de droits de l’homme. En même temps, le Premier ministre Meles Zenawi a eu du succès dans la lutte contre la pauvreté et a assumé une responsabilité majeure dans les négociations climatiques », a-t-il dit.
Mais les injustices sont nées de la poursuite du développement détaché des droits de l’homme et de la libre expression. Dans un rapport publié en août 2011, le Secrétaire général des Nations unies a examiné les progrès des pays africains par rapport aux objectifs de démocratie et de développement énoncés dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), un projet tracé par les chefs d’État de l’UA en 2001. Le rapport de l’ONU a constaté un « une forte croissance économique et une amélioration des indicateurs de développement social, notamment en matière de santé et d’éducation », mais a également cité des violations continues des droits de l’homme et « l’exclusion systématique de franges importantes de la société des institutions de gouvernance politique ».
Dans un éditorial de mai du journal éthiopien Addis Fortune, Kenichi Ohashi, ancien directeur national de la Banque mondiale en l’Ethiopie, a mis en garde contre les conséquences d’un développement sans démocratie. « La stabilité et la résilience à long terme d’un système proviennent d’une adaptation continuelle aux circonstances changeantes. Cela requiert une libre circulation de l’information, même si le message n’est pas ce que les dirigeants espéraient entendre, et un espace pour la contestation vigoureuse des idées », a-t-il dit.
Le journaliste sud-africain Joe Thloloe, qui a été emprisonné à plusieurs reprises pendant l’apartheid au cours de sa carrière qui a duré plus de 50 ans, souligne :« Ce n’est pas un choix mutuellement exclusif». On peut bien être démocratique et « en même temps assurer sa nourriture », a-t-il dit. « Si la presse ne fait pas ressortir les tares de la société, en plus des bonnes choses, personne ne va prêter attention à ces tares et consacrer du temps pour les résoudre », a-t-il ajouté.
Ce concept est en danger maintenant. En Afrique du Sud, l’ANC a réussi à faire voter des mesures législatives pour pénaliser le journalisme d’investigation et permettre aux fonctionnaires de classer comme secrets pratiquement n’importe quelle information du gouvernement au nom de l’« intérêt national ». En novembre, l’Assemblée nationale a approuvé le projet de loi controversé, le soumettant à l’étude du Conseil national des provinces à la fin de l’année. En vertu de ces mesures proposées, les reportages d’investigation sur les carences du gouvernement, tel qu’un article en date du 2 mai du journal Daily Dispatch sur les conditions de vie déplorables des citoyens dans l’Eastern Cape, pourraient être réprimés. « Dix-sept ans après l’avènement de la démocratie, le peuple de Malepelepe n’a pas encore goûté à la plupart des fruits de la démocratie sous forme de développement » souligne un article, citant un résident nommé Nofundile Dawuse, « Rien n’a changé. Je vis toujours dans la pauvreté. Nous n’avons pas d’eau. Je n’ai pas d’électricité. J’utilise des bougies et la lampe à pétrole », a-t-il dit.
Mohamed Keita est le coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. Il accorde régulièrement des interviews en français et en anglais aux médias internationaux sur les questions de liberté de la presse en Afrique et a participé à de nombreux panels internationaux. Il a mené une mission d’enquête au Sénégal et au Mali en 2011.