New York, le 4 janvier 2012– Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont coupé le signal de la chaîne de radio française Radio France Internationale (RFI) pour son traitement de l’actualité à la suite de l’élection présidentielle de novembre 2011 dans ce pays, ont rapporté des médias.
Lundi dernier, le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende, a déclaré que le Conseil des ministres avait ordonné la suspension « temporaire » des six fréquences modulées (FM) de RFI jusqu’à ce que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), le nouvel organe public de régulation des médias en RDC, prenne une décision.
La course à la présidentielle en RDC a été marquée par une série de violences contre la presse, notamment des incendies criminels, contre des journalistes et des organes de presse soutenant l’opposant Etienne Tshikekedi, selon des enquêtes du CPJ. Le 28 novembre, le président sortant Joseph Kabila a été déclaré vainqueur au détriment de M. Tshikekedi, bien qu’il ait obtenu moins de 50 pour cent des suffrages lors du scrutin présidentiel entaché par des violences meurtrières et des allégations d’irrégularités. Les forces de sécurité ont réprimé les manifestations de militants de l’opposition qui ont suivi l’annonce des résultats, mais M. Tshisekedi s’est autoproclamé président élu, a organisé une cérémonie d’investiture et prononcé un discours de nouvel an à la nation, selon des médias. RFI a rapporté ces deux évènements.
« Le gouvernement n’a pas du tout apprécié la manière dont RFI tente de banaliser la pantalonnade anticonstitutionnelle de M. Tshisekedi », a déclaré M. Mende à l’Agence France Presse (AFP). Cependant, la directrice adjointe de RFI, Geneviève Goetzinger, a refusé de faire des commentaires sur cette affaire lorsqu’elle a été contactée par le CPJ.
« Cette décision fait partie d’une vague de suspensions visant à punir Radio France Internationale (RFI) à chaque fois qu’elle rend compte de l’actualité politique en RDC de façon indépendante », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons à l’agence de régulation des médias congolais de rompre avec cette vague de censure politique et d’annuler la décision immédiatement », a-t-il martelé.
RFI est la station d’information la plus populaire en RDC, selon des recherches du CPJ. Le 23 décembre, les émissions de ladite station ont été interrompues après qu’elle a diffusé des informations sur la mise en scène d’une cérémonie d’investiture par M. Tshisekedi, a rapporté l’AFP. Le gouvernement congolais avait également suspendu RFI pour plus d’un an entre 2009 et 2010 pour ses reportages concernant l’armée. En outre, les autorités de la RDC avaient expulsé en 2006 la journaliste de RFI, Ghislaine Dupont, selon des recherches du CPJ.