Le CPJ demande la levée de la suspension de deux journaux en République du Congo

New York, le 20 décembre 2011– Les autorités de la République du Congo devraient immédiatement lever les suspensions infligées la semaine dernière à deux hebdomadaires privés en représailles à des articles critiquant le gouvernement, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Le 13 décembre, le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) du Congo, un organisme public, a suspendu les hebdomadaires privés L’Amicale et La Voix Du Peuple respectivement pour six mois et trois mois, selon des médias.

Le CSLC a accusé L’Amicale d’« incitation à la division et à la haine tribale et ethnique, d’atteinte à la paix, la cohésion et l’unité nationales », et de violations des règles d’éthique et de déontologie journalistiques pour deux articles ayant critiqué les positions prépondérantes dans le gouvernement réservées aux Nordistes de l’ethnie Mbochi à laquelle appartient le président congolais Denis Sassou-Nguesso, selon des journalistes locaux.

En outre, le CSLC a accusé La Voix du Peuple de diffamation et d’atteinte à la vie privée de Jean-Dominique Okemba, neveu et proche collaborateur du président congolais, pour un article intitulé « Un portrait craché, dissimulé et rejeté: Jean Dominique Okemba tarde à reconnaître son premier fils Marcellin Kondé Okemba », selon des médias. M. Okemba a publiquement nié le contenu de cet article, selon des journalistes locaux. Cet hebdomadaire a également été accusé par le CSLC de diffamation, d’atteinte à la vie privée du citoyen et d’« incitation à la révolte, la division et la haine tribale et ethnique » pour un article ayant fait des allégations de népotisme et d’abus de pouvoir par des membres de l’ethnie Mbochi du président congolais, selon des médias.

« Ces suspensions réduisant au silence L’Amicale et La Voix du Peuple mettent les autorités à l’abri de tout contrôle et de toute critique en ce qui concerne les questions d’intérêt public, telle que la dimension ethnique de la politique en République du Congo », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités de Brazzaville d’annuler immédiatement ces ordres de censure, qui sapent la démocratie en République du Congo », a-t-il martelé.