New York, le 12 juin 2007—Un nouveau journal dont la première parution datait seulement de trois jours, a vu sa licence de publication retirée par le ministre de l’Information du Rwanda sans ordre judiciaire pourtant requis par la loi.
The Weekly Post, un hebdomadaire anglophone privé, n’a pas publié cette semaine suivant la décision de Laurent Nkusi, ministre de l’Information, d’annuler son autorisation de publier, selon les journalistes sur place. La décision du ministre est parvenue au journal sous forme d’une lettre officielle dont une copie a été obtenue par le CPJ. Toutefois, la loi régissant la presse rwandaise exige l’ordre d’un tribunal pour fermer tout média, a déclaré l’expert juridique François Rwangampuhwe.
Dans un entretien téléphonique avec le CPJ, Nkusi a affirmé que cette décision était « peut-être » liée à des « informations qui se sont révélées inexactes » au niveau de la demande du journal, mais a refusé de commenter davantage. Le directeur général et le rédacteur en chef Sulah Nuwamanya ont rejeté les allégations et ont déclaré au CPJ que Nkusi n’a pas donné au journal la possibilité de se défendre.
« Nous demandons aux autorités d’expliquer cette interdiction et de respecter les droits fondamentaux et la loi régissant la presse rwandaise », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Nous sommes préoccupés du fait que cette action ait été appliquée arbitrairement».
Le Haut Conseil de la Presse (HCP) a reçu aujourd’hui une plainte officielle émanant du journal et se prononcera sur la question, a déclaré au CPJ Patrice Mulama, le secrétaire exécutif du HCP. Selon la loi rwandaise sur la presse, le HCP a le pouvoir de donner des avis sur les décisions de suspension, d’interdiction de publication ou de fermeture d’un média. Le HCP a été informé de la décision du ministre plusieurs jours après les faits, a-t-il déclaré.
Nuwamanya, qui compte contester la décision en justice, a affirmé que cette dernière n’était pas liée au contenu du journal.
The Weekly Post a par ailleurs été fondé par des anciens journalistes du quotidien progouvernemental The New Times.