ALERTE 2005

New York, le 18 juillet 2005 – Deux journalistes ont été condamnés, respectivement à trois ans et à trois mois de prison, suite à des articles critiquant le président Idriss Déby parus dans l’hebdomadaire privé L’Observateur, selon des sources locales. Le Comité pour la protection des journalistes condamne cette décision, et demande aux autorités la libération immediate des deux journalistes.

Le rédacteur en chef du journal, Ngaradoumbé Samory et le journaliste indépendant Garondé Djarma ont été écroués dans la capitale, N’Djamena, après l’énoncé du verdict, selon les mêmes sources.

Samory a été condamné à trois mois de prison et une amende de 100.000 FCFA (environ 176 dollars US), alors que Djarma a été condamné à trois ans de prison et une amende d’un million de FCFA (environ 1.764 dollars US). Ils avaient été tous deux accusés de diffamation envers le président et “d’incitation à la haine”, bien que les accusations se fondent sur des articles différents.

Selon des sources sur place, Samory a été inculpé suite à la publication d’une lettre ouverte au président Déby, écrit sous un pseudonyme, au nom d’un groupe ethnique minoritaire, les Kreda, dont certains membres avaient été détenus par le gouvernement et accusés de préparer une rebellion. La lettre a critiqué le traitement des Kreda par le gouvernement. Les autorités ont mis Samory sous pression afin qu’il révèle l’identité de l’auteur de la lettre, ce qu’il a refusé de faire, selon des sources locales.

Djarma était inculpé suite à un éditorial paru dans L’Observateur du 15 juin, dans lequel il critiquait Déby ainsi qu’une réforme constitutionnelle controversée qui permettait au président de briguer un troisième mandat, selon des sources sur place.

Le gouvernement a annoncé le 22 juin que les électeurs avaient approuvé cette modification, lors d’un référendum organisé le 6 juin mais contesté par l’opposition et des organisations de la société cvile.

“Le CPJ est profondément choqué par les peines de prison sévères infligées à ces journalistes pour avoir exercé leur métier en promouvant un débat sur des questions d’intérêt public”, a déclaré Ann Cooper, Directrice exécutive du CPJ. “Garondé Djarma et Ngaradoumbé Samory doivent être libérés, immédiatement et sans condition”.

Un autre procès contre un troisième journaliste, Michaël Didama, se poursuit. Arrêté le 22 juin, Didama est inculpé de diffamation et incitation à la violence, à la haine et à la rébellion.

Didama, qui est le directeur de publication de l’hebdomadaire privé Le Temps, a obtenu une liberté provisoire le 11 juillet. Sa prochaine comparution est prévue début août, selon des sources locales. Les charges retenues contre Didama ont pour origine des reportages publiés en mai dans son journal et portant sur des supposés groupes rebelles dans l’est du Tchad, et sur des massacres qui auraient eu lieu dans cette region.

Pour plus d’information sur le cas Didama, voir la lettre du CPJ au président Déby daté du 7 juillet.