Kinshasa, le 22 avril 2024 — À l’approche d’une décision de justice attendue samedi dans le cadre des poursuites engagées contre le journaliste de radio Blaise Mabala, le Comité pour la protection des journalistes s’inquiète du fait que le parquet de la République démocratique du Congo demande sa condamnation à 15 mois de prison, et exhorte les autorités à cesser de criminaliser le travail de la presse.
« Après avoir passé plus de 100 jours en détention, le journaliste Blaise Mabala a déjà subi une grave injustice, et la perspective qu’il puisse être condamné et passer plus de temps derrière les barreaux est tout simplement dévastatrice », a déclaré Muthoki Mumo, coordonnatrice du programme Afrique du CPJ, à Nairobi. « La détention de Mabalala est une nouvelle tâche sur le bilan déjà bien entaché de la République démocratique du Congo en matière de liberté de la presse. Les médias congolais ne pourront pas travailler librement tant que les autorités ne mettront pas fin à la pratique consistant à jeter les journalistes critiques derrière les barreaux et ne réformeront pas les lois qui criminalisent le journalisme. »
Mabala, coordinateur de la chaîne privée Même Morale FM, a été arrêté le 20 octobre 2023 et accusé d’avoir outragé Rita Bola, gouverneure de la province du Maï-Ndombe, dans l’ouest du pays, lors d’une émission de radio en libre antenne. Selon le CPJ, l’émission comprenait une chanson critiquant Bola, ainsi que des commentaires critiques d’auditeurs et du vice-gouverneur du Maï-Ndombe, Jacks Bombaka, propriétaire de Même Morale FM.
Mabala a été libéré sous caution le 7 novembre puis de nouveau arrêté le 29 décembre pour les mêmes chefs d’accusation.
Lors d’une audience du 17 avril à la prison centrale de Makala à Kinshasa, la capitale, le parquet a requis une peine d’un an et trois mois, a déclaré l’avocat de Mabala, Christian Mwamba, au CPJ via une application de messagerie, ajoutant que son client était innocent.
Au cours de cette audience, l’accusation a diffusé la chanson critiquant Bola, mais n’a pas été en mesure de présenter d’autres preuves audio car les deux clés USB contenant des enregistrements de l’émission de Mabala ne fonctionnaient pas, selon Mwamba et un communiqué de l’organisation locale de défense de la liberté de la presse, Observatoire de la liberté de la presse en Afrique.