Policiers camerounais à Buea, au Cameroun, le 3 octobre 2018. Le journaliste camerounais Martinez Zogo est emprisonné depuis janvier. (AFP/Marco Longari)
Policiers camerounais à Buea, au Cameroun, le 3 octobre 2018. Le journaliste camerounais Martinez Zogo est emprisonné depuis janvier. (AFP/Marco Longari)

Le journaliste camerounais Martinez Zogo emprisonné depuis janvier pour diffamation

New York, le 18 février 2020 – Les autorités camerounaises doivent libérer immédiatement le journaliste Martinez Zogo, abandonner tous les chefs d’accusation retenus contre lui, et réformer le code pénal du pays pour dépénaliser la diffamation, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes.

Le 17 janvier, des officiers de la police judiciaire ont arrêté Zogo à Yaoundé, la capitale, dans les locaux de Radio Amplitude FM, un radiodiffuseur privé où il travaille comme rédacteur en chef, a déclaré l’avocat de Zogo, Joseph Kenmoe, au CPJ lors d’un entretien téléphonique.

Selon Kenmoe, les autorités l’ont inculpé de diffamation criminelle suite à une plainte déposée par Sylvie Biye Essono, ancienne femme d’un représentant du gouvernement, qui prétend que Zogo a répandu de fausses informations à son sujet dans une émission du 8 janvier. Le 25 janvier, Zogo a été transféré à la prison de Kondengui à Yaoundé où il reste en détention, a déclaré Kenmoe au CPJ.

Au Cameroun, la diffamation est passible d’une peine maximale de six mois d’emprisonnement et d’une amende de 2 millions de Francs CFA (3 447 $), selon le code pénal du pays. Zogo doit comparaître devant le tribunal le 27 février, a déclaré Kenmoe.

« Martinez Zogo doit être libéré immédiatement et les poursuites contre lui doivent être abandonnées », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ. « Le fait que la diffamation demeure une infraction criminelle au Cameroun témoigne du manque de respect du pays à l’égard des principes fondamentaux de la liberté de la presse et de sa réticence à aligner ses lois sur les normes internationales en matière de liberté d’expression. »

Dans sa plainte déposée le 14 janvier, Essono prétendait que Zogo l’avait insultée en déclarant qu’elle avait utilisé le nom de son ancien mari pour solliciter des contrats gouvernementaux, a déclaré Kenmoe. Selon lui, la plainte initiale accusait Zogo de cybercriminalité, de chantage et de diffamation, mais les autorités n’ont retenu que les chefs d’accusation de diffamation.

Le CPJ a appelé l’avocat d’Essono, Tchoungang Charles, pour solliciter ses commentaires mais ce dernier n’a pas répondu au téléphone. Le CPJ a envoyé des textos à Charles qui ont été marqués comme lus mais sont restés sans réponse.

Joyce Ndjem, Chef nationale de la communication pour la police camerounaise, a déclaré au CPJ dans un entretien téléphonique qu’il n’était pas possible de répondre aux questions sur l’affaire Zogo à moins qu’un représentant du CPJ ne vienne la voir en personne, après quoi la communication a été coupée. Les appels de relance du CPJ sont restés sans réponse.

Lorsque le CPJ a appelé le Ministre camerounais de la Communication, René Sadi, pour solliciter ses commentaires, il a dit que la qualité de l’appel n’était pas bonne, puis la ligne a coupé. Il n’a pas répondu aux appels de relance.

Le Cameroun est le deuxième pays qui emprisonne le plus grand nombre de journalistes en Afrique subsaharienne, selon le recensement des prisons de 2019 du CPJ qui enregistrait sept journalistes emprisonnés au 1er décembre 2019.