L'homme politique ivoirien Guillaume Soro, photographié à Abidjan en février, a porté plainte contre le directeur d'un hebdomadaire. (AFP/Issouf Sanogo)
L'homme politique ivoirien Guillaume Soro, photographié à Abidjan en février, a porté plainte contre le directeur d'un hebdomadaire. (AFP/Issouf Sanogo)

Le candidat à la présidence Soro devrait retirer sa plainte contre un journaliste de la Côte d’Ivoire

Abidjan, le 6 juin 2019 – Le Comité pour la protection des journalistes a appelé aujourd’hui l’homme politique ivoirien Guillaume Soro à retirer sa plainte pénale à l’encontre de Sidi Tehra, directeur de l’hebdomadaire privé L’Essor Ivoirien, et ardent défenseur de la réforme du code pénal du pays visant à s’assurer que les journalistes ne sont pas emprisonnés du fait de leur travail.

Tehra a déclaré au CPJ que le 16 mai, l’homme politique l’avait accusé de l’avoir diffamé en répandant de fausses informations. La plainte est liée à un article publié dans l’édition du 6 au 12 mai de L’Essor Ivoirien, selon Tehra, une copie des documents judiciaires publiée sur la page Facebook du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d’Ivoire, les médias locaux, et le secrétaire général du syndicat Guillaume Gbato. L’article alléguait que Soro distribuait des armes dans le Nord du pays, selon les documents.

Soro est un ancien premier ministre qui a annoncé aujourd’hui sa candidature à la présidence 2020, selon les informations parues dans la presse.

« Guillaume Soro devrait montrer qu’il est un ardent défenseur de la démocratie et de la presse libre en retirant sa plainte pénale à l’encontre du directeur de L’Essor Ivoirien Sidi Tehra et en s’attachant à réformer le code pénal de la Côte d’Ivoire pour mettre un terme à la criminalisation du journalisme », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Johannesburg. « Soro devrait reconnaître les répercussions régressives de ses actions sur la liberté de la presse et devrait envisager d’autres mesures correctives s’il se sent lésé. »

Tehra avait été cité à comparaître dans la capitale économique, Abidjan, le 31 mai, mais Gbato, qui était présent au tribunal, a déclaré au CPJ que l’affaire avait été reportée pour complément d’information. L’ordonnance du tribunal est adressée à Tehra et à « Bill Terrasson » qui est un pseudonyme utilisé par le journaliste. La prochaine audience n’a pas encore été fixée et Tehra ne fait l’objet d’aucune restriction, a déclaré Gbato au CPJ.

Un document de l’accusation, consulté par le CPJ et daté du 29 mai, invoque l’Article 90 de la loi sur la presse ivoirienne relatif à la diffamation qui prévoit une amende maximale de 3 millions de francs CFA (5 100 US$) ; et l’Article 173 du code pénal sur la diffusion de fausses informations, qui prévoit une peine maximale de trois ans d’emprisonnement et une amende de 5 millions de francs CFA.

Le 28 mai, le porte-parole de Soro, Moussa Touré, a déclaré au CPJ par l’intermédiaire d’une application de messagerie que les poursuites à l’encontre de Tehra « font partie des droits constitutionnels de [Soro] ».

Dans un message publié sur Facebook le 20 mai, Gbato a déclaré que le syndicat s’opposait aux poursuites contre Tehra et a souligné que les autorités de régulation étaient mieux placées pour régler la question.