Des drapeaux de l'Union européenne flottent devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, Belgique, le 14 juillet 2021. (Reuters/Yves Herman)

Les progrès de l’UE en matière de liberté de la presse entachés par des contradictions, selon un rapport du CPJ


Les réformes
des médias de l’Union européenne incertaines avant les élections décisives de 2024

New York, 25 avril — L’Union européenne (UE) ne respecte pas systématiquement ses propres engagements en matière de liberté de la presse, selon un rapport spécial publié mardi par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). « Fragile Progress: The struggle for press freedom in the European Union » constate un écart entre les idéaux démocratiques adoptés par l’UE et la façon dont elle et ses États membres agissent, en réalité, dans leurs propres intérêts. 

« L’Union européenne cherche à établir et à promouvoir un cadre solide pour protéger la liberté de la presse contre une vague croissante d’autoritarisme et d’attaques visant à ébranler la confiance dans les médias », a déclaré la Présidente du CPJ, Jodie Ginsberg. « À ce stade critique, toutes les institutions de l’UE doivent prendre des engagements mesurables pour soutenir les progrès importants qu’elle a réalisés. La guerre de désinformation qui bat son plein et la récente vague de meurtres brutaux de journalistes à l’intérieur des frontières de l’UE n’exigent rien de moins. »

L’UE est réputée être l’un des endroits les plus sûrs au monde pour exercer le métier de journaliste, mais les meurtres de journalistes et autres attaques contre la presse au cours des dernières années ont forcé ses institutions à reconsidérer leurs politiques en matière de liberté des médias. Après les élections européennes de 2019, l’UE a mené d’importantes réformes pour renforcer la sécurité des journalistes, lutter contre l’éviscération du journalisme indépendant par les gouvernements et les oligarques, et freiner la spirale du recours aux poursuites judiciaires abusives pour réduire au silence les médias critiques.

Pourtant, malgré ces avancées significatives, le rapport du CPJ constate que l’UE est souvent en contradiction avec ses propres engagements, restreignant l’accès à l’information présentant un intérêt public. À l’échelle mondiale, la stratégie adoptée par l’UE pour tenir tête aux autocrates qui violent les droits des journalistes peut être minée par des intérêts commerciaux ou politiques.

Les élections du Parlement européen qui auront lieu l’année prochaine offrent à l’UE l’occasion de rectifier ces incohérences, de lutter contre la politique de deux poids deux mesures et de définir une vision ambitieuse pour assurer la sécurité des journalistes et défendre la liberté des médias – pierre angulaire de la démocratie.

Une grande partie des progrès de l’UE en matière de liberté de la presse repose sur la volonté politique de ses 27 États membres. Dans l’ensemble, Bruxelles s’emploie à contribuer positivement le paysage médiatique en Europe, mais elle a besoin du soutien des États membres pour apporter des changements réels.

« Les médias indépendants sont pris pour cibles. Pour que les réformes de l’UE fonctionnent, elles devront obtenir l’adhésion des États membres, mais surtout gagner la confiance des journalistes », a déclaré Tom Gibson, représentant du CPJ auprès de l’UE. « Seule une réelle volonté politique peut endiguer la vague d’attaques visant à vilipender la presse et à éroder la confiance du public dans le type de reportage indépendant qui fournit des informations factuelles et opportunes. »

Les principales recommandations du CPJ à l’UE ont vocation à:

  • Remédier aux lois, politiques ou pratiques problématiques de l’UE qui restreignent le travail des journalistes ou menacent la liberté de la presse.
  • Veiller à ce que les réformes positives en matière de liberté de la presse menées par l’UE – y compris le mécanisme de respect de l’État de droit, le projet de loi sur la liberté des médias et le projet de directive anti-SLAPP – soient suffisamment solides pour devenir des outils efficaces de défense de la liberté de la presse.
  • Continuer de faire preuve de leadership international en renforçant l’éventail complet des moyens d’assistance politique, diplomatique et d’urgence dont elle dispose pour porter secours à tous les journalistes en danger et ayant besoin d’aide, d’un abri sûr et de soutien. 

###

Le Comité pour la protection des journalistes est une organisation indépendante à but non lucratif qui promeut la liberté de la presse dans le monde entier.

Personne-ressource pour les médias: [email protected]