Abuja, Nigéria, 19 mai 2015–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) invite les autorités burkinabés à lever sa suspension de la retransmission en direct des émissions politiques dans le pays. L’interdiction de trois mois intervient au moment où le Burkina Faso se prépare à la tenue des élections en octobre.
Le Conseil Supérieur de la Communication, l’instance de régulation des médias, a prononcé une suspension de trois mois des émissions politiques retransmises en direct par les stations de TV et radio, selon un communiqué publié sur son site web daté du 12 mai. Selon le communiqué l’interdiction est entrée en vigueur le 7 mai.
Cette décision est intervenue après que le Président Blaise Compaoré fut forcé à quitter le pouvoir en octobre 2014. Compaoré avait cherché à modifier la constitution du pays pour lui permettre de se représenter aux élections en 2015, mais selon les médias, il a rencontré une série de protestations en octobre 2014. Le pays est aujourd’hui dirigé par un gouvernement de transition jusqu’aux élections.
« Cette suspension de couverture par les autorités burkinabés constitue une censure flagrante », a déclaré Peter Nkanga, représentant du CPJ pour l’Afrique de l’Ouest. « Si les autorités tiennent à organiser une élection crédible cette année, elles doivent autoriser les organes de presse à reprendre la retransmission en direct du débat politique », a-t-il ajouté.
Selon le Conseil « des violations graves » avaient été observées pendant les retransmissions en direct, mais il n’avait pas identifié les stations qui avait prétendument violé les règles, ni précisé les violations commises. Le Conseil a déclaré que toutes les stations qui ont violé les règles seraient sanctionnées conformément à la loi.
La presse locale a déclaré au CPJ que les stations de radiodiffusion avaient respecté la décision.
Selon les médias, les organisations des médias locaux ont dénoncé la suspension comme étant anticonstitutionnelle. Samedi dernier, le Conseil a rapporté avoir rencontré les représentants de 13 organisations de médias. Lookman Sawadogo, président de l’Association locale des éditeurs de presse privée, a déclaré au CPJ que les représentants avaient demandé au Conseil de lever la suspension. Sawadogo a ajouté que les représentants allaient se rencontrer à nouveau les jours à venir afin d’envisager de nouvelles actions si la suspension n’était pas levée rapidement.