Dakar, le 10 janvier 2023 — Les autorités béninoises doivent abandonner les chefs d’accusation de fausses informations portées contre le journaliste Virgile Ahouansè et veiller à ce que les membres de la presse ne soient pas victimes de harcèlement juridiciaire en raison de leur travail, a déclaré mardi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 19 décembre, un agent de la brigade criminelle de la police a appelé Ahouansè, directeur de l’information de la web radio privée Crystal News, et lui a demandé de se présenter le lendemain au poste de police de Cotonou, la capitale, selon les médias et le journaliste qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone. Quand Ahouansè est arrivé au poste le 20 décembre, les policiers l’ont arrêté et mis en garde à vue pendant 48 heures, a-t-il déclaré.
Ahouansè a été libéré et placé sous contrôle judiciaire le 22 décembre et doit comparaître devant le tribunal le 13 février pour répondre des chefs d’accusation de diffusion de fausses nouvelles visant à troubler la tranquillité publique, selon ces sources. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à six mois de prison et une amende de 500 000 Francs CFA (807 dollars), en vertu du code du numérique du Bénin.
« Les autorités béninoises doivent abandonner les chefs d’accusation retenus contre le journaliste Virgile Ahouansè et réformer le code du numérique du pays pour s’assurer que le journalisme n’est pas criminalisé », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les journalistes au Bénin ne devraient pas craindre d’atterrir en prison ou de faire l’objet d’une enquête criminelle à cause de leur travail. »
Le chef d’accusation retenu contre Ahouansè fait suite à son enquête publiée le 14 décembre 2022 qui accusait la police d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires, a déclaré le journaliste au CPJ. Pendant sa garde à vue, les autorités l’ont interrogé sur cette enquête pendant plus de cinq heures.
Lors de sa libération sous contrôle judiciaire, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme a imposé des conditions obligeant Ahouansè à remettre son passeport, à ne pas quitter le territoire et à se présenter au poste de police tous les vendredis, selon le journaliste et ces médias.
Le CPJ a déjà documenté la manière dont les autorités utilisent le code du numérique du Bénin pour emprisonner des journalistes en raison de leur travail. Les appels et messages du CPJ envoyés via une application de messagerie au porte-parole de la police béninoise, Roger Tawès, sont restés sans réponse.