Un groupe de journalistes congolais évacués vers Goma par la MONUSCO. (Photo : Darlène Rushago)

Suite à l’avancée des rebelles du M23, des journalistes congolais menacés de mort fuient pour se mettre en sécurité

Kinshasa, le 3 novembre 2022 – Alors que plus d’une vingtaine de journalistes congolais ont fui les villes de Kiwanja et Rutshuru dans l’est du pays à la fin de la semaine dernière par crainte pour leur vie, le Comité pour la protection des journalistes a exhorté jeudi toutes les parties au conflit à assurer la sécurité et la liberté de la presse.

Le samedi 29 octobre, au moins 23 journalistes de Kiwanja et de Rutshuru ont trouvé refuge au siège de la mission de l’ONU en République démocratique du Congo, la MONUSCO, à Kiwanja, suite à la prise de contrôle des villes par le groupe rebelle M23 et à ses menaces de mort à l’encontre des journalistes locaux, selon les médias et un message publié sur Twitter par la MONSUCO. 

Deux membres de la MONUSCO travaillant à Kuwanja, qui se sont entretenus avec le CPJ sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité, ont déclaré que l’ONU avait depuis évacué les 23 journalistes vers Goma, la capitale voisine de la province du Nord-Kivu, par voie aérienne les 31 octobre, 2 novembre et 3 novembre. 

Darlène Rushago, directrice de la chaîne privée Radio Umudiho FM, et Vianney Watsongo, journaliste de la radiotélévision privée Evangélique et de Développement Hermon (RTDEH), qui se sont tous deux entretenus avec le CPJ via une application de messagerie après l’évacuation vers Goma, ont déclaré avoir reçu des appels menaçants de membres du groupe M23 au cours de son avancée.

Ils ont déclaré que des membres du M23 avaient menacé de les tuer, ainsi que d’autres journalistes qui avaient relayé des informations qu’ils considéraient comme favorables à l’armée de la RDC, et que d’autres journalistes de la région avaient reçu des appels similaires et avaient fui vers des villes en dehors de Kiwanja et de Rutshuru.

« Les parties belligérantes dans l’est de la RDC doivent assurer la sécurité des journalistes qui couvrent l’actualité », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Johannesburg. « Lorsque les journalistes se voient refuser la possibilité de couvrir les conflits, les personnes que cela affecte le plus ont plus de mal à prendre des décisions éclairées pouvant faire la différence entre la vie et la mort. » 

Par ailleurs, le 29 octobre, des citoyens ont pénétré de force dans les bureaux de Radio Umudiho FM à Rutshuru et ont volé de l’équipement et du matériel, a déclaré Rushago au CPJ. Rushago a ajouté que lorsque les rebelles du M23 sont entrés dans la ville, elle a ordonné la suspension de toutes les émissions et le déplacement de l’émetteur et d’autres équipements de Radio Umudiho FM avant que son bureau ne soit attaqué.

Après la prise de contrôle de Kiwanja et de Rutshuru par le M23, certaines stations de radio émettant dans les villes ont interrompu leurs programmes habituels et n’ont diffusé que de la musique de peur que d’autres contenus ne conduisent à des représailles, selon les médias locaux.

Le conflit entre le M23 et les forces gouvernementales de la RDC s’est intensifié ces derniers jours, alors que les autorités congolaises continuent d’accuser le Rwanda de soutenir le groupe rebelle, accusations réfutées par le Rwanda.

Le CPJ a appelé le numéro du général de la base de la MONUSCO à Kiwanja. La personne qui a répondu a refusé de commenter ou de donner son nom et a renvoyé le CPJ vers les journalistes concernés. 

Les appels du CPJ au porte-parole militaire de la RDC, le général Sylvain Ekenge, sont restés sans réponse.Les appels du CPJ au président du M23, Mertrand Bisimwa, sont restés sans réponse. Auparavant, un porte-parole du M23 avait déclaré au CPJ que « la sécurité de tous les journalistes est garantie à cent pour cent » dans une zone contrôlée par le M23.