Au Cameroun, un journaliste emprisonné pour diffamation

New York, le 28 mars 2013–Le Comité pour la protection des journalistes a aujourd’hui exhorté une cour d’appel au Cameroun à annuler la condamnation à une peine d’emprisonnement pour diffamation prononcée contre le directeur de publication d’un journal lundi dernier.

Un juge du tribunal correctionnel de Douala, la capitale économique du Cameroun, a condamné Jean-Marie Tchatchouang, directeur de publication de l’hebdomadaire Paroles, à deux mois de prison, et lui a ordonné de payer 2 millions de francs CFA (soit 3.900 dollars américains) de dommages-intérêts  à Jean Ernest Ngallè Bibéhé, président directeur général de la Société camerounaise de transport urbain (SOCATUR), a déclaré au CPJ l’avocat de la défense, Alain Zogo. Le journaliste a été également condamné à une amende 435.910 francs CFA (soit 852 dollars américains), a dit Me Zogo.

Sur ordre du juge, M. Tchatchouang a été immédiatement incarcéré à la prison de New Bell à Douala, a déclaré au CPJ Emmanuel Ekouli, président de l’Association des jeunes reporters du Cameroun. Toutefois, en vertu du code pénal du Cameroun, les prévenus condamnés à des peines d’emprisonnement de moins d’un an ont droit à une liberté sous caution, selon Me Zogo. La défense a déposé une demande de libération sous caution du journaliste, et a l’intention de faire appel de la condamnation, a dit l’avocat de la défense.

M. Bibéhé a déposé au moins trois plaintes pour diffamation contre M. Tchatchouang pour une série d’articles publiés dans le journal Paroles en novembre et décembre 2010 qui avaient rapporté des allégations largement diffusées de détournement de fonds et de pratiques abusives contre M. Bibéhé et son épouse, directrice des ressources humaines de la SOCATUR, selon Me Zogo et des journalistes locaux. M. Bibéhé et son épouse ont nié ces accusations.

La précédente plainte avait conduit à la condamnation  de M. Tchatchouang à six mois de prison avec sursis en mars 2011 pour diffamation sur la base d’articles sur le même sujet. Le juge avait également interdit de parution l’hebdomadaire Paroles. M. Tchatchouang avait  fait appel de ce verdict  et le procès en appel débutera le 4 avril, a dit Me Zogo. Le journal Paroles parait toujours.

« Les personnalités publiques camerounaises ont longtemps utilisé les lois pénales sur la diffamation pour jeter en prison les journalistes qui émettent des critiques sur leur gestion et Jean-Marie Tchatchouang est la victime d’un acharnement judiciaire », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités judiciaires de lui accorder une liberté sous caution en attendant son appel et, à terme, d’annuler sa condamnation. Les affaires de diffamation devraient être jugées par des juridictions civiles, et non pénales ».   

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