Erick Ngaba, rédacteur en chef du journal privé Ndjoni Sango en République centrafricaine, a reçu des messages menaçants sur les réseaux sociaux. Les menaces ont commencé après la publication par Ngaba d’un communiqué selon lequel des membres du Parti d’opposition Mouvement pour la libération du peuple centrafricain auraient décidé de destituer son chef. (Photo : Erick Ngaba)

Le journaliste centrafricain Erick Ngaba menacé pour un reportage sur le chef de l’opposition

Dakar, le 29 juillet 2022 – Les autorités centrafricaines doivent enquêter sur les messages menaçants envoyés au journaliste Erick Ngaba et assurer sa sécurité, a déclaré vendredi le Comité pour la protection des journalistes. 

Depuis le 14 juin, Ngaba, rédacteur en chef du journal privé Ndjoni Sango, a reçu environ 20  messages menaçants dans des groupes WhatsApp dont il est membre et lors d’émissions en direct sur Facebook, selon les médias et le journaliste, qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone.

Dans les messages, les auteurs menaçaient de « s’occuper » du journaliste, et accusaient Ngaba d’être un traître de la République centrafricaine, selon le journaliste et des captures d’écran des messages que le CPJ a examinés.

« Les autorités centrafricaines doivent enquêter sur les menaces proférées contre le journaliste Erick Ngaba et assurer sa sécurité », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Durban, en Afrique du Sud. « La situation sécuritaire en République centrafricaine est suffisamment préoccupante pour les professionnels des médias pour qu’on y ajoute le harcèlement en ligne. »

Dans un message WhatsApp examiné par le CPJ, Kenny Yamba, porte-parole du parti politique d’opposition Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), menace de « s’occuper personnellement de vous pour venger mon père ».

Ngaba a expliqué au CPJ que le MLPC considère son chef, Martin Ziguelé, comme un « père », et qu’il a récemment fait un reportage sur un conflit présumé au sein du MPLC impliquant Ziguelé. 

Joint par téléphone, Yamba n’a pas nié avoir envoyé le message et a déclaré au CPJ : « Nous ne les traitons pas [les journalistes comme Ngaba] comme des journalistes mais comme des propagandistes. »  

« Notre rôle est de défendre notre chef sans hésitation », a-t-il ajouté, accusant Ngaba d’avoir attaqué Ziguelé et le MPLC dans son reportage, citant spécifiquement un article du 13 juin dans Ndjoni Sango selon lequel des membres du MLPC auraient décidé de destituer Ziguelé du pouvoir.

Ngaba a expliqué au CPJ que le contenu des comptes d’où provenaient les messages menaçants montrait qu’ils étaient des fidèles de Ziguelé. 

Dans un message publié sur Facebook le 19 juin, un utilisateur nommé Anthony Odom, dont le profil Facebook indique qu’il vit en France, a qualifié Ngaba d’ « ami de l’occupant » et de                             « traître », et l’a accusé de servir les intérêts du groupe de mercenaires russes Wagner en RCA.  Yamba a déclaré au CPJ qu’Odom était membre de l’équipe de communication du MPLC.

Ziguelé lui-même a également partagé plusieurs messages critiquant Ngaba et le qualifiant                  d’ « apprenti journaliste », que le CPJ a examinés. 

« Ils le font ouvertement. Ils n’utilisent pas d’avatars, mais leurs propres comptes et les canaux de communication du parti [MLPC] », a déclaré Ngaba au CPJ, notant que de nombreux messages menaçants avaient été partagés sur les pages Facebook personnelles de responsables du MLPC. 

Joint par téléphone, Ziguelé a déclaré au CPJ qu’il n’avait demandé à personne d’attaquer Ngaba, mais a reconnu que des responsables du MPLC basés en France l’avaient « rappelé [Ngaba] à l’ordre » suite à cet article du 13 juin. 

Ziguelé a déclaré qu’il avait personnellement demandé aux membres de son équipe de communication d’arrêter de « se quereller avec Ngaba » parce que cela « n’aide personne ».

Ngaba a indiqué qu’il prévoyait de déposer une plainte contre Ziguelé et le MLPC auprès du procureur.