Meurtres non élucidés de journalistes

L’Indice de l’impunité du CPJ en 2012

Publié le 17 avril 2012

NEW YORK
La violence meurtrière, impunie contre la presse s’est fortement accrue au Pakistan et au Mexique, poursuivant ainsi une triste tendance, de longue date dans ces deux pays, selon le nouvel Indice de l’Impunité du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Cet indice mondial, qui calcule le pourcentage de meurtres non élucidés de journalistes par rapport à la population d’un pays, montre que les autorités pakistanaises s’abstiennent systématiquement d’engager des poursuites pour des meurtres de journalistes, y compris plusieurs cas où pèsent des soupçons sur l’implication du gouvernement, tandis que les autorités mexicaines ne luttent pas efficacement contre les groupes criminels organisés qui traquent les journalistes dans la majeure partie du pays.

 «L’impunité représente l’oxygène pour les attaques contre la presse et le moteur qui propulse ceux qui cherchent à museler les médias », a déclaré Javier Garza, directeur de publication du quotidien mexicain El Siglo de Torreón. Des hommes armés ont attaqué les bureaux de son journal à Coahuila deux fois ces quatre dernières années et, même s’il n’y a pas eu de victimes, personne n’a été arrêté non plus. « Ces attaques nous ont clairement indiqué que nous ne pouvons pas faire confiance aux autorités pour notre protection », a-t-il martelé.

L’Indice du CPJ a noté une amélioration des conditions des journalistes en Colombie et au Népal, ainsi qu’une réduction à long terme de la violence meurtrière contre la presse au Bangladesh qui a retiré ce pays de la liste. Cependant, les quatre pays où l’impunité pour les meurtres de journalistes sévit le plus au monde, notamment l’Irak, la Somalie, les Philippines et le Sri Lanka, n’ont pratiquement montré aucun signe de progrès.

La publication de l’indice du CPJ fait suite à deux importants développements au niveau international qui orientent la lutte contre l’impunité dans des directions très différentes. En mars, le Sénat mexicain a approuvé un amendement constitutionnel qui, s’il est adopté par les États, fédéralisera le traitement des crimes contre la presse et mettra les autorités nationales en charge des enquêtes sur ces crimes–des mesures considérées comme cruciales dans la lutte contre l’impunité dans ce pays. Mais le même mois, la 28e session biennale  de l’UNESCO  a échoué dans l’adoption d’un plan visant à renforcer les efforts internationaux pour lutter contre l’impunité suite à des objections du Pakistan et deux autres nations membres–l’Inde et le Brésil– qui ont des taux élevés de violence mortelle contre la presse. La proposition de l’ONU, qui pourrait encore aller de l’avant malgré le revers subi, renforcerait le bureau du rapporteur spécial pour la liberté d’expression et aiderait les Etats membres à élaborer des lois nationales pour poursuivre les assassins de journalistes.

L’Indice annuelle de l’impunité du CPJ, dont la publication a commencé en 2008, identifie les pays où les journalistes sont assassinés régulièrement et les gouvernements n’élucident pas ces crimes. Pour ce dernier indice, le CPJ a examiné des meurtres de journalistes qui se sont produits dans la période du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2011, et qui restent non résolus. Seuls 12 pays au monde ayant enregistré au moins cinq cas non élucidés sont inclus dans cet indice. Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été prononcée.

L’Irak est en tête de l’Indice de l’impunité du CPJ pour la cinquième année consécutive et, avec plus de 90 meurtres non élucidés, son taux d’impunité dépasse de loin celle de tout autre pays au monde. La plupart des meurtres se sont produits lorsque l’Irak était plongé dans la guerre, mais même maintenant, alors que les autorités prétendent que le pays est stable, elles n’ont toujours élucidé aucun cas. La Somalie, en proie à l’insurrection et paralysée par l’absence d’un gouvernement central efficace, se classe deuxième sur l’indice avec 11 meurtres non élucidés. Au Sri Lanka, classé quatrième sur l’indice, les autorités n’ont pas obtenu de condamnations pour les meurtres de neuf journalistes, qui avaient tous fait des reportages critiquant l’administration du président Mahinda Rajapaksa. Parmi ces pays déchirées par les conflits se trouve un endroit très différent, les Philippines, qui s’est classé troisième. Malgré la tradition de liberté de la presse aux Philippines, le système judiciaire dysfonctionnel et corrompu de ce pays n’a pas pu rendre justice pour 55 meurtres de journalistes au cours de la dernière décennie.

Dans plusieurs pays, le taux est resté essentiellement statique, ce qui souligne combien la culture de l’impunité peut être ancrée. Alors que les autorités russes ont fait des progrès modestes ces dernières années en matière d’enquêtes sur les meurtres de journalistes, le nombre de décès a augmenté en décembre 2011 avec le meurtre au Daghestan du directeur de publication Gadzhimurad Kamalov, dont le journal avait fait des investigations sur la corruption, l’extrémisme et les violations des droits de l’homme. Le Brésil a connu une tendance similaire: même si les procureurs ont obtenu des condamnations dans au moins cinq cas au cours de la dernière décennie, des meurtres de journalistes ces dernières années ont maintenu le pays sur l’indice. A l’inverse, l’Afghanistan n’a fait aucun progrès en matière de poursuites judiciaires pour les meurtres de journalistes, mais une réduction des assassinats ciblés a fait que son classement s’est légèrement amélioré. Le taux d’impunité pour l’Inde, où justice pour les meurtres de journalistes est rarement rendue, est resté pratiquement inchangé.

Tel n’est pas le cas au Pakistan, où le taux d’impunité a empiré pour la quatrième année consécutive. Les journalistes pakistanais subissent de multiples menaces « de la part des groupes sectaires talibans violents et des groupes religieux et ethniques intolérants », a déclaré Najam Sethi, éminent directeur de publication du journal The Friday Times de Lahore, qui a lui-même subi des menaces aussi graves qu’il a dû quitter le pays pour un certain temps. En outre, a dit M. Sethi, la puissante Direction de renseignements interservices « a fait montre d’une hostilité totale envers les journalistes qui critiquent les actions de l’armée ». Parmi les récentes victimes pakistanaises figure le journaliste d’investigation Saleem Shahzad, qui a été tué en 2011 après qu’il a fait un reportage sur l’infiltration d’Al-Qaïda dans la marine du Pakistan.

Les recherches du CPJ montrent que la violence meurtrière, impunie contre les journalistes conduit souvent à une vaste autocensure dans le reste du corps de presse. Cela est plus patent au Mexique, où les meurtres non résolus de journalistes ont augmenté pour la troisième année consécutive. La peur de représailles a poussé certains journalistes à rendre compte de l’actualité sur la criminalité sous des pseudonymes sur les sites Web de médias sociaux. Cependant, même ces sites ne mettent pas les journalistes hors de danger: en septembre 2011, le corps décapité de Maria Elizabeth Macías Castro, une journaliste mexicaine qui a utilisé les médias sociaux pour rendre compte de l’actualité sur la criminalité, a été retrouvé à côté d’un clavier d’ordinateur et d’une note d’un groupe criminel qui a revendiqué le meurtre.

En plus de la loi fédéralisant le traitement des crimes contre la presse, le Mexique a pris d’autres mesures de lutte contre l’impunité, comme la mise en place d’un programme de protection des journalistes suivant le modèle d’une initiative prise en Colombie. En Colombie, historiquement l’un des pays les plus meurtriers pour la presse au monde, une amélioration manifeste a été notée au cours des dernières années.

La  lutte pour mettre fin à l’impunité pour les crimes contre la presse est un combat long et compliqué qui a impliqué de nombreux acteurs, notamment des journalistes, des organisations de défense de la liberté de la presse et, évidemment, le gouvernement », a déclaré María Teresa Ronderos, une journaliste colombienne chevronnée qui est maintenant membre du conseil d’administration du CPJ. Elle a noté un certain nombre de poursuites couronnées de succès contre les assassins de journalistes, y compris les cerveaux dans certains cas. « Et c’est un développement positif. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire parce que la majorité des cas restent non résolus. Alors que la violence meurtrière a diminué, le nombre de menaces a augmenté et les enquêtes sur ces menaces sont allés nulle part », a-t-elle souligné.

Le Népal, soutenu par des condamnations contre des suspects dans deux cas, a également vu son taux d’impunité diminuer sur l’indice de 2012. Et pour la première fois depuis que le CPJ a lancé l’indice, le Bangladesh n’est pas répertorié. Même si aucune condamnation n’y a été enregistrée pour les meurtres de journalistes au cours de la dernière décennie, une absence de meurtres de journalistes pendant sept ans a retiré le Bangladesh de l’indice.

L’indice d’impunité du CPJ fait, entre autres, les observations suivantes:

  • Les journalistes locaux sont les victimes dans la grande majorité des cas non résolus. Seuls 13 des 247 cas sur l’indice impliquaient des journalistes travaillant hors de leur propre pays.
  • La politique était le sujet le plus dangereux à couvir. Trente pour cent des victimes figurant sur l’indice du CPJ couvraient l’actualité politique.
  • Même dans les zones de conflit, l’assassinat ciblé de journalistes est fréquent. Environ 28 pour cent des journalistes sur l’indice couvraient des conflits armés lorsqu’ils ont été assassinés.
  • Les menaces sont un indicateur fort d’une violence meurtrière potentielle. Dans plus de 40 pour cent des cas examinés dans le cadre de l’indice, les victimes ont reçu des menaces de mort avant d’être assassinés.
  • Les assassins essaient souvent d’envoyer un message dissuasif au reste du corps de la presse. Dans un cas sur cinq dans l’indice, les victimes ont été torturées avant d’être tuées.

L’Indice de l’impunité du CPJ est compilé dans le cadre de la campagne mondiale contre l’impunité, qui a été développée avec le soutien de la Fondation Adessium, la Fondation John S. et James L. Knight, le réseau Omidyar, et les fondations Open Society.

 

L’INDICE

Voici les 12 pays où au moins cinq journalistes ont été assassinés et où les gouvernements n’ont condamné aucun auteur. L’indice couvre les années 2002 à 2011.

1. L’Irak

Aucune condamnation n’a été obtenue dans 93 meurtres de journalistes au cours de la dernière décennie. Le rythme de la violence meurtrière a ralenti depuis 2006 et 2007, lorsque des dizaines de meurtres ont été signalés dans un climat de violence sectaire, mais, même maintenant, les journalistes continuent d’être ciblés. En 2011, des hommes armés ont tué l’animateur de radio et cinéaste Hadi al-Mahdi à son domicile à Bagdad. Après qu’il est retourné à son pays en 2008 suite à 18 ans d’exil, M. al-Mahdi avait dénoncé le sectarisme et la corruption gouvernementale. Il avait été menacé dans les mois précédant son assassinat.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 2,906 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 1er avec un taux de 2,921

2. La Somalie

Avec 11 meurtres non élucidés, la Somalie occupe le deuxième rang pour la troisième année consécutive. Le corps de la presse somalienne a subi des attaques, la plupart par des militants du mouvement Al-Shabaab. Mais les forces du gouvernement de transition ont également menacé des journalistes somaliens. En 2011, après avoir couvert une session houleuse du Parlement fédéral de transition, le journaliste de l’audiovisuel Abdisalan Sheikh Hassan a été abattu d’une balle dans la tête par un tireur qui portait un uniforme militaire. La violence incontrôlée contre les médias a forcé au moins 68 journalistes à fuir la Corne de l’Afrique au cours de la dernière décennie.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 1,183 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 2ème avec un taux de 1,099

3. Les Philippines

Même après l’horrible massacre de 2009 dans la province de Maguindanao qui a coûté la vie à 30 journalistes et plus de 20 autres victimes, les autorités philippines doivent encore lutter efficacement contre l’impunité. La poursuite des dizaines de suspects ayant des liens politiques dans l’attaque de Maguindanao a été marquée par des retards et entachée par des allégations de corruption et d’intimidation des témoins. Le nombre global de décès a augmenté encore une fois en 2011, lorsqu’un homme armé a tiré sur Gerardo Ortega, un célèbre  journaliste qui avait couvert des sujets relatifs à l’environnement et la corruption, dans un magasin de vêtements. En mars 2012, un tribunal local a émis un mandat d’arrêt pour Joël Reyes, un ancien gouverneur de la province de Palawan, qui était accusé d’avoir commandité l’assassinat de M. Ortega.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,589 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 3ème avec un taux de 0,609

4. Le Sri Lanka

Le gouvernement de Mahinda Rajapaksa n’a poursuivi aucune personne impliquée dans les neuf meurtres qui se sont produits au cours de son exercice du pouvoir, d’abord en tant que Premier ministre puis comme président. Toutes les victimes avaient couvert des sujets politiquement sensibles d’une manière qui était critique à l’égard du gouvernement. En 2006, par exemple, le journaliste tamoul Subramaniyam Sugitharajah a été tué quelques semaines après qu’il a  fait des reportages sur le meurtre de cinq étudiants tamouls : des photos prises par M. Sugitharajah révélaient que les étudiants sont morts de blessures par balle, ce qui contredisait la version de l’armée selon laquelle ils ont été tués par leur propre grenade. Ces derniers mois, des responsables du gouvernement ont publiquement menacé de faire usage de la violence contre leurs détracteurs, un développement très inquiétant étant donné que 60 pour cent des victimes sri-lankaises avaient reçu des menaces avant qu’elles ne soient tuées.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,431 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 4ème avec un taux de 0,443

5. La Colombie

Puisque les procureurs ont obtenu quelques condamnations et que le rythme de meurtres de journalistes s’est ralenti, le classement de la Colombie sur l’Indice d’impunité s’améliore chaque année depuis 2008. Mais ce pays occupe toujours une place peu honorable sur l’indice d’impunité, du fait de son passé meurtrier et de ses manquements persistants en matière de poursuites pour les meurtres de journalistes. En effet, au moins huit meurtres de journalistes dans la dernière décennie ne sont toujours pas résolus. Parmi les victimes, figure Guillermo Bravo Vega, un journaliste d’investigation primé qui avait dénoncé la corruption gouvernementale. Neuf ans après, un homme armé a fait irruption au domicile de M. Bravo et l’a abattu d’une balle dans la tête ; ce cas n’est toujours pas résolu.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,173 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 5ème avec un taux de 0,241

6. Le Népal

Une application de la loi peu rigoureuse et une culture de protection politique ont créé le climat d’impunité au Népal, où cinq meurtres de journalistes restent non résolus. Des dirigeants maoïstes, par exemple, ont tenté de bloquer une enquête sur l’enlèvement et l’assassinat en 2007 du journaliste Prakash Singh Thakuri. Même après que la Cour suprême a ordonné la poursuite de l’enquête sur le meurtre de  M. Thakuri, les autorités n’ont produit aucun résultat. Le Népal a toutefois eu des succès notables dans deux autres cas. En 2011, deux suspects ont été reconnus coupables du meurtre deux ans plus tôt d’Uma Singh, qui avait couvert des sujets sensibles tels que les droits de la femme et la violence entre communautés.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,167 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 7ème avec un taux de 0,205

7. L’Afghanistan

Le classement de l’Afghanistan est resté largement statique. Bien qu’il n’y ait eu aucune condamnation dans les cinq meurtres de journalistes au cours de la dernière décennie, il n’y a eu non plus aucun assassinat ciblé depuis 2008. Parmi les cas non résolus figure l’assassinat en 2006 de Zaki Zakia, fondatrice d’une station de radio indépendante dans la province de Parwan. La station était connue pour sa couverture de l’actualité politique au niveau local, des questions relatives aux femmes et des droits de l’homme.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,145 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 6ème avec un taux de 0,235

8. Le Mexique

Le réseau de trafic de drogue, la criminalité et la corruption officielle qui ont attisé la violence dans de grandes parties du pays ont également eu un effet dévastateur sur la presse. Au moins 15 meurtres de journalistes sont restés non élucidés au cours de la dernière décennie. Mais avec 11 journalistes portés disparus au cours de la période, et de nombreux autres tués dans des circonstances obscures, le bilan du Mexique est sans doute bien pire. En conséquence, une vaste autocensure s’est emparée des professionnels des médias, ce qui incite de nombreux organes de presse à abandonner la couverture de l’actualité sur la criminalité et la corruption. Des fusillades dans les rues des grandes villes telle que Reynosa n’ont pas été couvertes par la presse, selon des recherches du CPJ. Les journalistes et les citoyens se sont tournés vers les médias sociaux pour échanger des nouvelles concernant les activités criminelles, ce qui est aussi périlleux. L’assassinat en 2011 de la journaliste de Nuevo Laredo Maria Elizabeth Macías Castro a été le premier cas de meurtre en relation directe avec un reportage sur les médias sociaux documenté par le CPJ.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,132 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 8ème avec un taux de 0,121

9. La Russie

Le classement de la Russie est resté inchangé, avec 16 cas de meurtres non résolus. La plus récente victime était Gadzhimurad Kamalov, fondateur du principal hebdomadaire indépendant du Daguestan Chernovik, qui a été abattu alors qu’il quittait son lieu de travail en décembre 2011. Le journal avait reçu des menaces fréquentes pour sa couverture de la corruption gouvernementale, des violations des droits de l’homme et du radicalisme islamique. Les autorités ont fait des progrès modestes dans certains cas: plusieurs suspects ont été inculpés l’année dernière dans le cadre du meurtre en 2006 d’Anna Politkovskaya, mais les autorités n’ont pas encore jugé l’affaire ni identifié le cerveau. « L’impunité dont jouissent les commanditaires, c’est la partie principale du mécanisme, ce qui engendre de nouveaux meurtres », a déclaré Sergey Sokolov, rédacteur en chef adjoint du journal d’Anna Politkovskaya, Novaya Gazeta.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0.113 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 9ème avec un taux de 0,113

10. Le Pakistan

Avec 19 cas non résolus, le classement du Pakistan a considérablement empiré ces dernières années. Des responsables du service de renseignement et de l’armée sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans un certain nombre de cas. Par exemple, dans les mois précédant son assassinat, le journaliste Saleem Shahzad avait dit à ses amis et collègues qu’il était menacé par la Direction de renseignements interservices. Mais aucune enquête crédible n’a été menée par le gouvernement sur cette affaire, tout comme sur d’autres. Après un tollé intense au niveau national et international, le gouvernement du Pakistan a ordonné la mise sur pied d’une commission d’enquête sur le meurtre de M. Shahzad, mais le rapport qui en a résulté a été largement critiqué du fait qu’il ait évité d’analyser le rôle probable du service de renseignements.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,109 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 10ème avec un taux de 0,082

11. Le Brésil

De nouvelles attaques ont miné les efforts du Brésil en matière de lutte contre l’impunité. Les tribunaux ont condamné les auteurs d’au moins cinq meurtres de journalistes ces dernières années, et les autorités ont obtenu des condamnations de cerveaux de crimes dans au moins deux cas. Cependant, deux meurtres en 2011 mettent en évidence les risques graves et continus que courent les journalistes locaux qui rendent compte de l’actualité concernant la corruption, la politique et la criminalité. En 2011, Edinaldo Filgueira, éditeur d’un journal, été abattu de plusieurs balles après qu’il a fait un sondage sur son blog qui reflétait l’insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement local. Cinq suspects ont été arrêtés dans cette affaire. Au total, les recherches du CPJ ont identifié cinq meurtres non résolus au Brésil au cours dans la dernière décennie.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,026 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 12ème avec un taux de 0,026

12. L’Inde

Avec six meurtres non résolus, l’Inde conserve sa place sur l’indice. Toutes les victimes étaient des journalistes de presse écrite ayant rendu compte de l’actualité concernant la criminalité, la corruption, ou la politique. Malgré le statut de l’Inde en tant que la plus grande démocratie du monde et sa tradition de médias dynamiques, ses dirigeants ont montré peu de volonté politique pour lutter contre l’impunité pour les attaques contre les médias. En mars, l’Inde a mené une opposition au plan de l’ONU sur la sécurité des journalistes qui comprenait des mesures de lutte contre l’impunité.

Pourcentage sur l’Indice d’impunité: 0,005 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Année dernière: Pays classé 13ème avec un taux de 0,006

 

METHODOLOGIE

L’indice de l’impunité du CPJ calcule le pourcentage des meurtres non résolus de journalistes par rapport à la population de chaque pays. Pour cet indice, le CPJ a fait une analyse des meurtres de journalistes qui se sont produits dans la période du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2011, et qui sont restés impunis. Seuls les pays ayant enregistré au moins cinq cas non résolus sont inclus dans cet indice.

Le CPJ définit le meurtre comme une attaque délibérée contre un journaliste en représailles contre le travail de la victime. Les meurtres représentent plus de 70 pour cent des décès liés au travail des journalistes, selon des recherches du CPJ. Cet indice n’inclut pas les cas de journalistes tués dans des combats ou au cours de missions dangereuses telle que la couverture de manifestations de rue.

Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été obtenue. Les données démographiques issues des Indicateurs du développement dans le monde 2010  de la Banque mondiale ont été utilisées pour calculer le taux de chaque pays.

CPJ accueille favorablement les commentaires sur cet indice.

 

TABLEAU STATISTIQUE

Les meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants pour la période de 2002 à 2011. Seuls les pays comptant au moins cinq cas non résolus sont inclus. Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été obtenue.

Classement

Pays

Cas non résolus Population (en millions) Calcul Taux
1 L’Irak 93 32 93/32 2,906
2 La Somalie 11 9,3 11/9,3 1,183
3 Les Philippines 55 93,3 55/93,3 0,589
4 Le Sri Lanka 9 20,9 9/20,9 0,431
5 La Colombie 8 46,3 8/46,3 0,173
6 Le Népal 5 30,0 5/30,0 0,167
7 L’Afghanistan 5 34,4 5/34,4 0,145
8 Le Mexique 15 113,4 15/113,4 0,132
9 La Russie 16 141,8 16/141,8 0,113
10 Le Pakistan 19 173,6 19/173,6 0,109
11 Le Brésil 5 194,9 5/194,9 0,026
12 L’Inde 6 1.170,9 6/1.179,9 0,005

Source de données démographiques:
Indicateurs du développement dans le monde 2010,  Banque mondiale