Deux journalistes sénégalais condamnés à trois mois de prison avec sursis

New York, le 20 janvier 2012– Deux journalistes sénégalais du quotidien privé Le Quotidien ont été condamnés à des peines de prison avec sursis cette semaine pour diffamation du fait de leur couverture sur une rébellion armée dans une région séparatiste, selon des médias.

Mardi  dernier, un juge d’un tribunal pénal de Dakar, la capitale sénégalaise, a condamné Mamadou Biaye et Mamadou Ticko Diatta, respectivement directeur de publication et reporter du journal Le Quotidien, à trois mois de prison avec sursis chacun pour un article alléguant que Bakary Diémé, adjoint au maire de la commune de Goudomp (situé à 280 miles au sud-est de Dakar), avait des liens avec les séparatistes armés du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), selon des médias. Depuis trois décennies, les combattants du MFDC se battent contre l’armée sénégalaise pour l’indépendance de la Casamance, une région située au sud du pays, ont rapporté des médias.

Citant des sources militaires, Le Quotidien avait rapporté dans son édition du 4 mars 2010 que quatre combattants rebelles capturés par les forces gouvernementales avaient avoué avoir été « aidés et hébergés » par des enseignants, dont M. Diémé, selon des médias. Ces quatre combattants ont été placés en détention, ont rapporté des médias. Cependant, l’adjoint au maire de Goudomp a rejeté ces allégations et porté plainte pour diffamation, demandant 100 millions de francs CFA de dommages et intérêts, selon des médias. Dans son verdict, le tribunal a accordé à M. Diémé 2 millions de francs CFA (soit 3500 dollars américains) de dommages et intérêts et condamné les journalistes à des peines de prison avec sursis, ont rapporté des médias. Toutefois, des journalistes locaux ont déclaré au CPJ que les avocats de la défense ont interjeté appel.

Depuis 2010, un projet de loi portant code de la presse qui a promis de dépénaliser les délits de presse peine à être votée par l’Assemblée nationale du Sénégal contrôlée par le Parti démocratique sénégalais (PDS) au pouvoir, selon des médias et des recherches du CPJ.

« Il est grand temps que l’Assemblée nationale du Sénégal vote ce nouveau code de la presse afin que les affaires de diffamation puissent être jugées par des tribunaux civils, et non des tribunaux pénaux », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons à la cour d’appel de casser ce verdict », a-t-il martelé.