Un journaliste burundais détenu par des agents de sécurité

New York, le 30 novembre 2011–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) est gravement préoccupé par la détention d’un journaliste de radio au Burundi depuis lundi dernier.

Des agents de sécurité du Service national de renseignements (SNR) du Burundi ont arrêté Hassan Ruvakuki, reporter de la station de radio privée, Radio Bonesha FM, et correspondant du service en langue swahili de la chaîne française Radio France Internationale (RFI), pendant qu’il couvrait un sommet régional à Bujumbura, la capitale burundaise, selon les témoignages de journalistes locaux recueillis par le CPJ. Ces agents ont perquisitionné le domicile du journaliste et l’ont détenu dans l’Est du Burundi, lui refusant tout accès à sa famille ou un avocat, ont déclaré des journalistes locaux. Radio Bonesha FM est une station indépendante basée à Bujumbura qui est critique à l’égard du pouvoir.

Télésphore Bigirimana, porte-parole du SNR du Burundi, a déclaré que M. Ruvakuki a été interrogé sur ses relations avec un nouveau groupe rebelle, selon des médias. Des journalistes locaux ont confié au CPJ qu’ils pensent qu’il a été arrêté parce que sa station avait repris la diffusion d’une interview avec un ancien policier, Pierre Claver Kabirigi, qui prétendait être membre d’un nouveau groupe rebelle, le Front pour la restauration de la démocratie-Abanyagihugu. M. Kabirigi avait publié une déclaration soulignant que son groupe avait été formé en réaction à la corruption et aux exécutions extrajudiciaires qui auraient été commis par le parti au pouvoir.

Radio Bonesha FM a été parmi plusieurs médias qui ont diffusé la semaine dernière un enregistrement audio des déclarations de cet ancien policier,ont dit des journalistes locaux au CPJ. Suite à ces diffusions, le Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi a ordonné une interdiction illimitée de toute couverture médiatique sur le groupe rebelle, ont dit des médias.

Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une vague d’intimidation des médias privés orchestrée par l’Etat, a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. Les autorités burundaises n’ont présenté aucune preuve contre Hassan Ruvakuki, il devrait donc être libéré immédiatement, a-t-il ajouté.

Par le passé, le parti au pouvoir a tenté de museler la presse indépendante du Burundi en recourant à des convocations au tribunal et des menaces de fermeture, selon des recherches du CPJ. En septembre dernier, la ministre burundaise de l’Information, Concilie Nibigira, avait annoncé une interdiction de 30 jours de toute couverture médiatique sur un massacre dans un bar au cours duquel plus de 35 personnes ont été tuées. Le 8 novembre courant, le procureur a convoqué le directeur par intérim de Radio Bonesha FM, Patrick Nduwimana, ainsi que le rédacteur en chef de la Radio Publique Africaine, Bob Rugurika, et les a interrogés au sujet des émissions qu’ils avaient diffusées sur ce massacre après l’expiration du délai de l’interdiction de couverture, a dit M. Rugurika. Deux jours plus tard, le procureur a convoqué M. Nduwimana à nouveau, ainsi que les directeurs de Radio Publique Africaine et de Radio Isanganiro, et les a interrogés sur les sources de financement de leurs stations, ont rapporté des médias.