Un journaliste camerounais détenu, pressé de révéler ses sources

New York, le 09 septembre 2011–Les autorités camerounaises détiennent un journaliste depuis lundi dernier, faisant pression sur lui afin qu’il révèle les sources d’un article exposant en détail un scandale de détournement présumé impliquant un ex-receveur des impôts, ont dit des journalistes locaux et des médias

François Fogno Fotso, directeur de publication du bimensuel privé Génération Libre, est gardé à vue depuis lundi dernier au commissariat central N°1 de la ville de Yaoundé, la capitale camerounaise. Il a subi des interrogatoires jusqu’à jeudi dernier sans la présence d’un avocat et a été pressé de révéler ses sources concernant un article du journaliste Boris Nembop publié en août 2010. Cet article a soulevé des interrogations au sujet d’une série de transactions financières effectuées par Célestin Tabouli, ex-fondé de pouvoir à la Trésorerie de Nkongsamba, une ville située à l’ouest du Cameroun, selon des médias et des journalistes locaux. Les gendarmes ont également fait pression sur ce journaliste pour qu’il leur dise où se trouve M. Nembop et qu’il déclare qu’un homme d’affaires privé dénommé « Rewe », qui a été arrêté il y a neuf jours, était sa source, ont déclaré les journalistes locaux. 

M. Fotso a été déféré au parquet aujourd’hui, mais n’a pas été inculpé.  Il a ensuite été renvoyé à sa cellule de la gendarmerie de Yaoundé, ont dit des journalistes au CPJ.

«Il est scandaleux que la gendarmerie interroge un journaliste sur ses sources», a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « François Fogno Fotso doit être libéré immédiatement », a-t-il martelé. 

Dans un article intitulé « Détournement de fonds à la Trésorerie de Nkongsamba », Génération Libre a affirmé avoir reçu des documents exposant en détails une série de transferts de fonds effectués par M. Taboulé sur ses comptes privés, en quantités de loin supérieures à son salaire en tant qu’employé du gouvernement. Dans son article, Génération Libre a défié M. Tabouli de contredire ces allégations, mais ce dernier a plutôt porté plainte pour diffamation contre le journal. Il convient de souligner que la gendarmerie avait convoqué M. Fotso au moins quatre fois depuis octobre 2010 au sujet de l’article, mais le journaliste avait refusé de divulguer ses sources. 

Suite à l’arrestation de son directeur de publication, le bimensuel Génération Libre a soumis mardi dernier des documents au parquet qui, dit-il, prouvent ses allégations. Cependant, M. Taboulé a dit aujourd’hui au CPJ qu’il ne souhaitait pas faire de commentaires sur les accusations contre lui. Quant au ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, il a dit au CPJ que « le gouvernement n’a rien à voir avec cette affaire ». 

Dans un communiqué, l’Association des journalistes patriotiques du Cameroun (AJPC), a condamné ce qu’elle a qualifié d’« arrestation arbitraire d’un journaliste qui a osé faire son travail », selon des médias