Photo du journaliste haïtien Maximilien Lazard tué par balles par la police alors qu’il couvrait une manifestation à Port-au-Prince le 23 février 2022. (Reuters/Ralph Tedy Erol)

La police haïtienne tue 1 journaliste et en blesse 2 autres lors d’une manifestation

Miami, le 24 février 2022 – Les autorités haïtiennes doivent mener une enquête rapide et approfondie sur le meurtre par la police du journaliste Maximilien Lazard et les blessures infligées aux journalistes Sony Laurore et Yves Moïse, et traduire les responsables en justice, a déclaré jeudi le Comité pour la protection des journalistes.

Mercredi 23 février, vers 11 heures, des agents de la Police nationale haïtienne ont ouvert le feu sur une manifestation d’ouvriers du secteur du textile qui réclamaient une augmentation de salaire minimum à Port-au-Prince, la capitale, tuant Lazard et blessant les deux autres journalistes, selon les médias et Robest Dimanche, porte-parole du Collectif haïtien des médias en ligne, une association locale de journalistes, qui s’est entretenu avec le CPJ via une application de messagerie.

Lazard couvrait la manifestation pour le média en ligne Roi des Infos diffusé sur YouTube et Facebook, et une photo publiée sur Facebook par son employeur montre qu’il portait son accréditation de presse au moment de l’attaque. Il est mort dans un hôpital local peu de temps après qu’on lui a tiré dessus, selon ces informations et Dimanche.

Laurore, journaliste pour le média en ligne Laurore News TV, et Moïse, journaliste pour la station de radio en ligne Radio RCH 2000, ont également été blessés par balles, selon ces sources qui n’ont pas précisé l’étendue de leurs blessures.

« Il est choquant que la police haïtienne ait tiré à balles réelles sur une foule à Port-au-Prince, tuant le journaliste Maximilien Lazard et blessant Sony Laurore et Yves Moïse », a déclaré Ana Cristina Núñez, chercheuse principale du CPJ pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Les autorités doivent honorer la promesse qu’ils ont faite d’identifier les policiers responsables de cette attaque injustifiée et de les traduire en justice. »  

En réponse à la demande de commentaires du CPJ envoyée via une application de messagerie, la porte-parole de la Police nationale haïtienne, Marie-Michelle Verrier, a transmis un communiqué publié sur la page Facebook de la police.

Ce communiqué indiquait que la Direction centrale de la police judiciaire et l’Inspection générale de la police nationale avaient ouvert une enquête sur l’attaque et que des « mesures appropriées » seraient prises à l’encontre des policiers responsables. Le CPJ a appelé la police judiciaire pour obtenir des commentaires, mais personne n’a répondu.

Le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, a déploré la mort de Lazard et a présenté ses condoléances à la famille sur Twitter.

Lazard est le troisième journaliste haïtien tué dans le cadre de son travail en 2022. Le 7 janvier, John Wesley Amady et Wilguens Louis-Saint ont été tués par balles alors qu’ils faisaient un reportage dans une zone contrôlée par un gang, comme l’avait documenté le CPJ à l’époque.