New York, le 18 novembre 2008– Deux journalistes nigériens ont été condamnés aujourd’hui à une peine d’emprisonnement avec sursis pour diffamation sur la base d’articles critiques à l’égard du directeur de la société nigérienne d’électricité, selon des journalistes locaux. Ils sont tous les deux en liberté en attendant un appel, après avoir passé cinq jours en détention.
Moussa Aksar et Aboubacar Sani, respectivement directeur de publication et journaliste de l’hebdomadaire privé L’Evénement, ont été condamnés par un juge du tribunal pénal de la capitale nigérienne, Niamey, à trois mois d’emprisonnement avec sursis, 500.000 francs CFA (environ 1000 dollars américains) de dommages et intérêts et 50.000 francs CFA à titre d’amende (environ 100 dollars américains) chacun, selon l’Association nigérienne des éditeurs de presse indépendants.
M. Aksar a déclaré au CPJ qu`une date n’a pas encore été fixée pour l`appel.
« Nous condamnons les peines d’emprisonnement contre Moussa Aksar et Aboubacar Sani », a déclaré Tom Rhodes, le directeur de la section Afrique du CPJ. « Nous appelons la Cour d’appel à casser ce verdict et exhortons les autorités nigériennes à cesser d’utiliser le délit de diffamation comme moyen de réduire au silence les journalistes indépendants », a-t-il ajouté.
Suite à une plainte de Foukori Ibrahim, le directeur général de la Société nigérienne d’électricité (NIGELEC), M. Aksar et M. Sani ont été interpellés par la police le 12 novembre, selon des journalistes locaux. Le lendemain, ils ont été convoqués au tribunal, inculpés et emprisonnés.
La plainte est basée sur des articles écrits par M. Sani évoquant le « recrutement frauduleux» par la NIGELEC de la soeur du directeur de cabinet du président nigérien Mamadou Tandja, selon M. Aksar qui a été accusé d’avoir édité ces articles.
D`autres poursuites pénales pèsent déjà sur M. Aksar en rapport avec un autre article. En effet, il a été inculpé de «divulgation de secret défense» après que L’Evènement a publié un article en juillet dernier impliquant le colonel Abdoulaye Mounkaïla à une cache d’armes–et une éventuelle tentative de coup d’Etat– découverte à Niamey. Le colonel Mounkaïla a été arrêté en août dernier, selon les médias internationaux.
Au Niger, les journalistes indépendants sont de plus en plus confrontés à des détentions policières, des poursuites pénales et des peines d’emprisonnement pour des reportages sur la corruption ou la mauvaise gestion du gouvernement, qui tente de réduire les médias au silence à travers des poursuites croissantes pour diffamation.
M. Aksar et M. Sani ont été les cinquième et sixième journalistes à écoper de peines d’emprisonnement au Niger cette année, suite à Aboubacar Gourouza, directeur de publication du bimensuel L’Eveil Plus, Ibrahim Souley et Soumana Idrissa, respectivement directeur de publication et journaliste de l’hebdomadaire l’Enquêteur, et Zakari Alzoumana, directeur de publication de l’hebdomadaire Opinions, Selon des recherches du CPJ.