Nsoyuka Guy-Bruno Maimo, reporter pour le journal privé Volcanic Times, a été arrêté et passé à tabac par des gendarmes camerounais alors qu'il couvrait une manifestation le 24 octobre 2024. (Photo : avec l'aimable autorisation de Nsoyuka Guy-Bruno Maimo)

Le journaliste camerounais Nsoyuka Guy-Bruno Maimo arrêté et passé à tabac pour avoir couvert une manifestation

Dakar, le 12 novembre 2024 – Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités camerounaises à enquêter et à demander des comptes aux personnes responsables de l’arrestation et des violences infligées à Nsoyuka Guy-Bruno Maimo, reporter pour le journal privé Volcanic Times, alors qu’il couvrait une manifestation le 24 octobre. 

« Les membres de la gendarmerie camerounaise responsables de la détention, du passage à tabac et du traitement dégradant du journaliste Nsoyuka Guy-Bruno Maimo doivent répondre de leurs actes », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ, à Durban. « La presse camerounaise travaille dans des conditions périlleuses, sous la menace de violences et de détentions, et l’arrestation et les abus infligés à Maimo ne font que renforcer cette peur. » 

Des gendarmes de Buea, la capitale de la région du Sud-Ouest, ont arrêté Maimo alors qu’il couvrait une manifestation d’un groupe local de femmes devant les bureaux de la gendarmerie et l’ont détenu pendant cinq jours sans qu’il ne puisse avoir accès à un avocat ou sa famille, selon l’Association camerounaise des journalistes anglophones

Maimo a déclaré au CPJ qu’il avait été libéré sans condition le 29 octobre, mais que les gendarmes l’avaient frappé à mains nues et avec une ceinture, l’avaient insulté, menacé d’emprisonnement et forcé à nettoyer les toilettes de la gendarmerie. « Chaque fois que j’essayais de m’expliquer, je recevais plus de coups », a-t-il ajouté. Le CPJ a examiné des photos montrant des coupures sur le dos de Maimo et sa chemise tachée de sang.

Au cours de sa détention, des gendarmes ont accusé Maimo de s’ingérer dans le travail de la gendarmerie et l’ont interrogé sur le conflit entre les séparatistes des régions anglophones du Cameroun et le gouvernement majoritairement francophone, qui a fait plusieurs milliers de morts depuis 2017. 

Maimo a déclaré au CPJ qu’il pensait que des gendarmes avaient réussi à accéder à son téléphone qui n’était pas protégé par un mot de passe. Il soupçonne également les autorités d’avoir eu accès à son compte WhatsApp, car selon des amis, il apparaissait comme actif pendant sa détention. 

Au moins cinq autres journalistes sont actuellement emprisonnés au Cameroun. L’un d’entre eux, Stanislas Désiré Tchoua, a été libéré le 28 décembre 2023, après la publication du recensement annuel des journalistes emprisonnés du CPJ. Quatre d’entre eux sont détenus depuis des années sur la base d’accusations d’activités hostiles envers l’État à la suite de leur couverture de l’actualité dans les régions anglophones.

Les appels du CPJ à Fenelon Mondo, membre de l’équipe de communication de la gendarmerie, ainsi que les courriels et les appels au numéro public de la gendarmerie sont restés sans réponse.