Dakar, le 16 octobre 2024 – Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités tchadiennes à revenir sur une directive annoncée le 9 octobre par Abderamane Barka, président de la Haute Autorité de régulation des médias et de l’audiovisuel (HAMA), visant à suspendre ou à révoquer les licences des médias qui partagent des contenus en ligne en dehors de circonstances bien définies.
« L’autorité de régulation des médias du Tchad doit immédiatement revenir sur sa directive visant à suspendre les médias qui partagent des informations par des moyens autres que ceux définis par les autorités, et cesser de censurer la presse avant les élections », a déclaré Angela Quintal, directrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Lorsque les Tchadiens se rendront aux urnes dans le courant de l’année, ils devraient avoir accès à une pluralité de sources et de contenus médiatiques variés, et non à une version restreinte de l’information. »
Barka a ordonné la suspension ou la révocation des licences des journaux privés qui diffusent du contenu audiovisuel en ligne au lieu d’articles écrits, ainsi que des licences de médias privés qui diffusent sur Facebook du contenu qui n’a pas été initialement distribué par l’intermédiaire de leurs journaux, radios ou chaînes de télévision traditionnels. Il a également exigé que tous les médias n’emploient que des journalistes titulaires d’une carte d’identité officielle du journaliste professionnel.
Barka a déclaré que ces mesures s’inscrivaient dans le cadre de l’assainissement en cours du paysage médiatique tchadien alors que le pays se dirige vers des élections législatives, provinciales et municipales le 29 décembre.
L’Association des médias en ligne du Tchad a déclaré dans un communiqué que la directive semblait « aller au-delà du cadre légal existant » et pourrait présenter un risque pour la liberté d’expression, notant que la loi sur la loi sur la presse du pays stipule que la presse en ligne offre « un contenu utilisant essentiellement le mode écrit et audiovisuel ».
Au début du mois d’octobre, la HAMA a interdit à deux directeurs du journal privé Le Visionnaire d’exercer la profession de journaliste parce qu’ils ne détenaient pas de carte d’identité de presse et a suspendu le journal pendant trois mois à la suite d’un article sur la mauvaise gestion du gouvernement.
Les appels du CPJ à Barka visant à obtenir des commentaires sur la directive sont restés sans réponse.