Dakar, le 7 mai 2024 — Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer Idrissa Soumana Maïga, rédacteur en chef du quotidien privé L’Enquêteur, et lui permettre de couvrir l’actualité librement, a déclaré mardi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 29 avril, un juge d’instruction du tribunal de Niamey, la capitale, a mis en examen Maïga pour « atteinte à la défense nationale » et ordonné son transfert à la prison de Niamey, selon les médias et son avocat, Ousmane Ben Kafougou, qui s’est entretenu avec le CPJ par le biais d’une application de messagerie.
S’il est reconnu coupable, il risque entre cinq à 10 ans de prison, selon le code pénal.
« Les autorités nigériennes doivent abandonner les accusations fallacieuses portées contre le rédacteur en chef Idrissa Soumana Maïga, le libérer immédiatement et veiller à ce qu’il puisse travailler sans crainte d’être arrêté », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ. « Les autorités doivent répondre aux questions des journalistes qui demandent des comptes au pouvoir et cesser de criminaliser le travail d’intérêt public des médias nigériens. »
La police judiciaire de Niamey a arrêté Maïga quatre jours plus tôt, le 25 avril, et l’a interrogé au sujet d’un article de L’Enquêteur publié le même jour portant sur des allégations selon lesquelles des agents russes auraient placé des dispositifs d’écoute dans des bâtiments publics.
« Maïga n’a pas affirmé ces allégations lui-même, mais a plutôt posé des questions sur la base d’un article du journal (français) Le Figaro », a déclaré L’Enquêteur dans un communiqué publié le 27 avril sur Facebook.
Kafougou a informé le CPJ que la détention provisoire ou les mandats d’arrêt pour des délits de presse au Niger sont interdits en vertu de l’ordonnance portant régime de la liberté de la presse. Les autorités judiciaires ont justifié la détention provisoire de Maïga en déclarant que « les faits sont suffisamment graves et qu’il devrait être détenu en prison pour les besoins de l’enquête », a déclaré Kafougou.
Les appels du CPJ au numéro public du ministère de la Justice du Niger sont restés sans réponse.
En octobre 2023, les autorités nigériennes ont mis en examen la journaliste Samira Sabou pour avoir diffusé des données de nature à troubler l’ordre public et entretenu des « intelligences avec une puissance étrangère ». Après 11 jours de détention, elle a été libérée sous contrôle judiciaire.
En juillet 2023, l’armée nigérienne a pris le contrôle du gouvernement lors d’un coup d’État qui a renversé son président démocratiquement élu. Depuis, le CPJ et d’autres groupes de défense de la liberté de la presse expriment leurs inquiétudes quant à la sécurité des journalistes dans le pays.