Kinshasa, le 24 janvier 2024 — Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent libérer immédiatement les journalistes Blaise Mabala et Stanis Bujakera Tshiamala, abandonner les poursuites judiciaires engagées contre eux et réformer les lois du pays pour veiller à ce que le journalisme ne soit pas criminalisé, a déclaré mercredi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 29 décembre 2023, des policiers ont arrêté Mabala au poste de police provincial de la ville d’Inongo, la capitale de la province du Mai-Ndombe, dans l’ouest de la RDC, où il se trouvait pour interviewer le commissaire général de police provincial, Louis Segond Karawa, selon l’avocat de Mabala, Fabrice Mangwele, et le président du conseil provincial de la jeunesse de Maï Ndombe, Dali Moweni, qui se sont tous deux entretenus avec le CPJ.
Mercredi, la police a transféré Mabala, coordinateur de la radio privée Même Morale FM et correspondant du site d’information privé okapinews.net, par bateau dans une cellule de détention de la Cour de cassation de Kinshasa, la capitale, ont indiqué Mangwele et Moweni. Ce transfert a été ordonné par le procureur général, et Mabala devrait comparaître devant le tribunal de Kinshasa pour des accusations de diffamation et d’outrage à l’encontre de la gouverneure de la province du Maï Ndombe, Rita Bola, a déclaré Mangwele au CPJ, bien que la date d’audience n’ait pas été fixée.
Par ailleurs, le journaliste Bujakera est maintenu en détention à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, depuis son arrestation le 8 septembre 2023. Lors d’une audience du 12 janvier, un tribunal a ajourné son affaire au 2 février, date à laquelle il devrait se prononcer sur la désignation de nouveaux experts, selon les médias.
Bujakara doit répondre de plusieurs chefs d’accusation en vertu du code pénal et numérique suite à un article que Bujakera n’a pas écrit et publié par Jeune Afrique le 31 août sur l’implication éventuelle du renseignement militaire dans le meurtre d’un ministre,.
« Les journalistes congolais Blaise Mabala et Stanis Bujakera Tshiamala doivent être libérés dans les plus brefs délais. Mabala n’aurait jamais dû être emprisonné en octobre et novembre de l’année dernière, et encore moins arrêté de nouveau en décembre, quant à Bujakera, il est déjà injustement détenu depuis bien trop longtemps », a déclaré Angela Quintal, coordonnatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « La presse congolaise ne peut pas être libre avec la menace d’arrestation qui pèse sur elle et en sachant qu’au moins deux de ses collègues sont derrière les barreaux en raison de leur travail. »
L’arrestation et le transfert de Mabala le 29 décembre font suite à des accusations d’injure portées contre lui en octobre après la diffusion d’une émission de radio par Même Morale FM, au cours de laquelle des auditeurs ont appelé et critiqué Rita Bola, la gouverneure de la province du Maï-Ndombe. La police locale avait déjà arrêté Mabala le 20 octobre 2023 avant de le libérer sous condition le 7 novembre.
Les appels du CPJ à Bola et Karawa sont restés sans réponse.