Abdoul Aziz Djibrilla, présentateur de Radio Naata, a été tué par des hommes armés non identifiés alors qu'il circulait sur une route dans le nord-est du Mali le 7 novembre 2023. Deux de ses collègues ont été kidnappés dans le but d’obtenir une rançon. (Photo : Ousmane Abdoulaye Touré)

Au Mali, 1 journaliste tué, 1 blessé, 2 enlevés par des hommes armés non identifiés

Dakar, le 5 décembre 2023—Le Comité pour la protection des journalistes est alarmé et attristé par l’attaque perpétrée le mois dernier contre quatre journalistes dans le nord-est du Mali par des hommes armés non identifiés, au cours de laquelle un journaliste a été tué, un deuxième a été blessé et deux autres ont été enlevés. 

Le 7 novembre, les assaillants ont ouvert le feu sur le véhicule des journalistes entre la ville d’Ansongo, dans l’est du pays, et la ville de Gao, où les quatre hommes avaient prévu de suivre une formation de journalisme portant sur l’identification des fausses informations, ont déclaré au CPJ leurs collègues Ibrahima Ag Ablil, journaliste à Radio Coton et Ousmane Abdoulaye Touré, directeur de Radio Naata. 

Selon eux, Abdoul Aziz Djibrilla, présentateur de Radio Naata, une station radio communautaire de Labbezanga, à la frontière entre le Mali et le Niger, a été tué ; Harouna Attino, présentateur du journal télévisé de la radio communautaire Alafiya, basée à Ansongo, a été blessé ; et Assaleh Ag Joudou, directeur de Radio Coton, basée à Ansongo, et Moustapha Koné, animateur à la Radio Coton, ont été enlevés. 

Plus tard dans la journée, les hommes armés ont appelé Issoufa Touré, directeur de la station radio Aadar Koukia, basée à Ansongo, et ami d’Ag Joudou, pour demander le paiement d’une rançon de 6 millions de francs CFA (9 975 dollars) en échange des deux journalistes, qui, d’après leurs dires, ne seraient pas blessés, selon les médias et Ag Ablil, collègue des journalistes à Radio Coton.

Touré et Ag Ablil ont déclaré au CPJ qu’ils ne croyaient pas que les journalistes avaient été pris pour cible en raison de leur travail, car des attaques similaires ont eu lieu ces derniers mois sur la route Ansongo-Gao. 

Le Mali lutte contre les militants islamistes depuis plus d’une décennie. La violence s’est aggravée depuis que le gouvernement militaire de ce pays d’Afrique de l’Ouest a ordonné aux Casques bleus des Nations Unies de quitter le pays en juin. 

« Les journalistes au Mali et dans tout le Sahel sont trop souvent confrontés à la perspective d’être tués ou kidnappés dans ce qui est largement considéré comme l’une des régions les plus dangereuses du monde », a déclaré mardi Angela Quintal, coordonnatrice du programme Afrique du CPJ, depuis Durban, en Afrique du Sud. Chaque fois que des journalistes sont tués ou kidnappés, cela envoie un message d’insécurité glaçant à tous les autres membres de la presse travaillant dans la région et compromet le droit du public à l’information en raison de l’autocensure. »

Auparavant, des hommes armés non identifiés avaient kidnappé les journalistes Hamadoun Nialibouly, directeur des programmes de la station radio privée Dandé Douentza, et Moussa M’Bana Dicko, directeur des programmes de la station radio privée Dande Haïré, en septembre 2020 et en avril 2021, respectivement, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, selon les médias. Le CPJ n’a pas été en mesure de confirmer les raisons de leurs enlèvements. 

Les appels et les messages adressés au bureau du ministre malien de la Communication, Alhamdou AG Ilyène, sont restés sans réponse, le bureau du colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, ayant quant à lui décliné la demande de commentaires du CPJ.Des militants ont enlevé le journaliste français Olivier Dubois à Gao en 2021 et l’ont détenu pendant près de deux ans avant de le libérer en mars.