Le président gabonais Ali Bongo Ondimba prononce un discours à Libreville le 10 juillet 2023. En plein milieu des élections du 26 août, les autorités gabonaises ont instauré un couvre-feu, bloqué l'accès à Internet et suspendu les émissions à l’antenne de trois chaînes publiques françaises. (AFP/Steeve Jordan)

Les autorités gabonaises suspendent 3 chaînes françaises et bloquent Internet pendant les élections

Dakar, le 28 août 2023 – Les autorités gabonaises doivent lever la suspension des chaînes françaises France 24, Radio France Internationale et TV5 Monde et arrêter de perturber davantage l’accès du public à Internet, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes.

En plein milieu des élections du samedi 26 août, les autorités gabonaises ont instauré un couvre-feu et bloqué l’accès à Internet pour empêcher la propagation d’« appels à la violence » et de « fausses informations », et ont suspendu la diffusion des programmes de trois chaînes publiques françaises. 

La Haute Autorité de la Communication, l’organe de régulation des médias du Gabon, reproche aux chaînes un « manque d’objectivité et d’équilibre dans le traitement de l’information en lien avec les élections générales en cours », selon les médias, qui ont qualifié la suspension de         « temporaire » mais n’ont pas indiqué quand elle serait levée.  

Depuis lundi soir, les émissions des chaînes restent inaccessibles au Gabon, selon une personne basée au Gabon qui s’est entretenue avec le CPJ sous couvert d’anonymat, invoquant des questions de sécurité.

« Les autorités gabonaises doivent lever les suspensions de France 24, de Radio France Internationale et de TV5 Monde et veiller à ce que les gens dans tout le pays puissent accéder librement à Internet », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ à Durban, en Afrique du Sud. « Les médias locaux et internationaux, ainsi que l’accès à Internet, jouent un rôle fondamental dans la transparence des élections, et le public doit être en mesure de recevoir et de partager les informations dont il a besoin pour prendre des décisions éclairées. » 

Le CPJ a contacté Max Olivier Obame, membre de la HAC, par téléphone, mais ce dernier s’est refusé à tout commentaire. Les appels du CPJ au ministre gabonais des Communications Rodrigue Mboumba Bissawou sont restés sans réponse. 

Avant l’élection, le CPJ s’est joint à la coalition #KeepItOn pour exhorter le président Ali Bongo Ondimba et son gouvernement à garantir un accès ouvert et sécurisé à Internet pendant les élections et a exprimé ses inquiétudes concernant l’accès des médias étrangers à la couverture des élections.

Les résultats des élections gabonaises pourraient prolonger le règne de la famille Bongo, qui, entre le président sortant et son père défunt, Omar Bongo, est au pouvoir depuis 55 ans.