Kinshasa, le 30 juin 2023—Les autorités de la République démocratique du Congo doivent demander des comptes aux soldats qui ont arrêté et brutalisé les journalistes Jeef Ngoyi, Marie-Louise Malou Mbela et Jiresse Nkelani, et cesser de détenir les journalistes qui couvrent l’actualité, a déclaré vendredi le Comité pour la protection des journalistes.
Le mercredi 28 juin, au moins 12 soldats des Forces armées de la RDC (FARDC) ont arrêté, roué de coups de poing et frappé avec des ceintures Ngoyi, reporter de Radio Okapi, la station parrainée par l’ONU ; Malou, reporter à la chaine publique Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) ; et Nkelani, caméraman en formation de la RTNC2.
Les trois journalistes couvraient un conflit foncier à Kinshasa, la capitale, selon des informations parues dans les médias, Malou et Fiston Wavingana, un caméraman de la RTNC témoin de l’incident, qui se sont tous deux confiés au CPJ.
Les autorités ont relâché Malou plus tard dans la journée, alors que Ngoyi et Nkelani ont été libéré le jeudi après plusieurs interventions, dont celle de la mission de l’ONU en RDC, selon un tweet d’un journaliste local et un membre du personnel de Radio Okapi qui s’est confié au CPJ sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité. Aucune charge n’a été retenue contre les journalistes.
« Les autorités de la RDC doivent demander des comptes aux responsables de l’arrestation et des violences dont ont été victimes les journalistes Jeef Ngoyi, Marie-Louise Malou Mbela et Jiresse Nkelani », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les arrestations et les attaques répétées contre des journalistes congolais par les forces de sécurité censées protéger le public constituent une tendance alarmante qui doit être inversée. »
Avant d’être attaqués, les journalistes avaient interviewé un homme qui affirmait que des soldats l’avaient expulsé de son domicile sur ordre du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat de la RDC.
Une vidéo publiée sur Twitter par un journaliste local semble montrer Ngoyi, Malou et Nkelani après leur arrestation, assis à l’arrière d’une camionnette avec au moins deux autres hommes, que le CPJ n’a pas pu identifier. Deux soldats armés de fusils se tiennent au-dessus d’eux, et on peut voir l’un des soldats en train de les frapper avec une corde enroulée.
Les journalistes ont été détenus par les soldats au bureau local de la Détection militaire des activités anti-patrie, une unité de renseignement connue sous l’acronyme DEMIAP.
Ngoyi a déclaré au CPJ qu’ils n’avaient pas été grièvement blessés par les coups.
Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a affirmé que les journalistes avaient été arrêtés parce qu’ils avaient attaqué les soldats.
Un responsable local de la DEMIAP joint par téléphone a refusé de donner son nom ou de faire des commentaires. L’appel du CPJ au ministre de l’Urbanisme est resté sans réponse.
En novembre 2022, des soldats des FARDC ont également agressé David Ramazani, directeur de Buniaactualité TV et du site d’information Buniaactualité.cd.