De violentes manifestations se sont propagées à travers la France et la Belgique suite à la mort d’un adolescent de 17 ans abattu par la police lors d’un contrôle routier à Nanterre, en banlieue parisienne, le mardi 27 juin. Des échauffourées entre la police et les manifestants ont été signalées dans des villes telles que Lille, Toulouse, Marseille, Lyon, Pau, Montpellier et Bruxelles, la capitale belge. Des centaines de personnes ont été arrêtées à la suite de pillages, d’actes de vandalisme sur des voitures et des bâtiments et d’attaques contre la police à coup de mortiers d’artifice et des projectiles.
Alors que les manifestations devraient se poursuivre dans les prochains jours, HP Risk Management, une société de conseil en sécurité qui a aidé les médias lors de précédentes manifestations en France, prévient que les journalistes couvrant ces manifestations pourraient être confrontés à des risques de la part de la police, des manifestants et des criminels. Le CPJ a documenté l’obstruction, la détention et le harcèlement par la police de journalistes qui couvraient les manifestations contre les modifications apportées à la loi sur les retraites du pays plus tôt cette année, et des journalistes ont été maltraités et agressés par des manifestants lors des manifestations de 2018 et 2022.
« Les journalistes sont des cibles attrayantes en ces périodes de désordre social », explique David Holley de HP Risk Management. « Des véhicules des médias ont été cambriolés et du matériel a été volé, et il est donc judicieux de faire profil bas et de ne transporter que l’équipement essentiel et les objets de valeur. »
Les journalistes peuvent réduire au minimum ces risques en suivant les directives du CPJ ci-dessous.
Soyez préparé(e) :
- Planifiez votre mission et assurez-vous que la batterie de votre téléphone cellulaire est entièrement chargée. Renseignez-vous sur la région dans laquelle vous vous rendez. Déterminez à l’avance ce qu’il faut faire en cas d’urgence. Visionnez la courte vidéo du CPJ sur la façon de se préparer à couvrir des manifestations.
- Essayez toujours de travailler avec un collègue et de mettre en place une procédure de contact régulier avec votre base, notamment si vous couvrez des rassemblements ou des événements très fréquentés.
- Portez des vêtements et des chaussures qui vous permettent de vous déplacer rapidement. Évitez de porter des colliers, des queues de cheval, des cordons tour-de-cou ou tout autre objet susceptible d’être saisi, ainsi que des matériaux inflammables, tels que le nylon.
- Ne transportez pas d’objets de valeur et si vous quittez votre véhicule, assurez-vous qu’il est garé dans un endroit sûr et qu’aucun équipement n’est visible.
- Réfléchissez à votre position. Essayez de trouver une position élevée qui peut vous procurer une plus grande sécurité.
- Quel que soit l’endroit, prévoyez toujours une issue de secours. Si vous travaillez avec d’autres personnes, choisissez un point de rendez-vous d’urgence.
- Ayez toujours une bonne connaissance de la situation et limitez le nombre d’objets de valeur en votre possession. Ne laissez aucun équipement dans les véhicules. Après la tombée de la nuit, le risque d’actes criminels augmente.
- Si vous travaillez dans une foule, prévoyez une stratégie. Essayez de rester à l’extérieur de la foule et évitez le milieu, où il est difficile de s’échapper. Identifiez une issue de secours.
Dans les situations où des gaz lacrymogènes sont utilisés :
- Portez un équipement de protection individuelle, y compris un masque à gaz, des lunettes de protection, un gilet pare-balles et un casque.
- Les lentilles de contact sont déconseillées.
- Les personnes souffrant d’asthme ou de problèmes respiratoires doivent éviter les zones où des gaz lacrymogènes sont utilisés. Lorsque de grandes quantités de gaz lacrymogène sont utilisées, il est possible que de fortes concentrations de gaz soient présentes dans des zones dépourvues de circulation d’air.
- Notez les points de repère (c.-à-d. poteaux, bordures de chaussée) qui peuvent être utilisés pour vous aider à sortir d’une zone si vous avez du mal à voir.
- Si vous êtes exposé(e) à des gaz lacrymogènes, essayez de trouver un lieu surélevé et restez à l’air frais pour permettre à la brise d’évacuer le gaz. Ne vous frottez pas les yeux ou le visage. Lorsque vous le pouvez, prenez une douche froide pour éliminer les particules de gaz de votre peau, mais ne prenez pas de bain. Il se peut que vous deviez laver les vêtements plusieurs fois pour éliminer complètement les cristaux, ou les jeter.
- Visionnez la vidéo du CPJ sur la préparation des missions où des gaz lacrymogènes peuvent être utilisés.
En cas de comportement agressif :
- Lisez le langage corporel et utilisez votre propre langage corporel pour apaiser la situation.
- Gardez un contact visuel avec l’agresseur, adoptez une gestuelle de mains ouvertes et continuez à parler d’une manière apaisante.
- Tenez-vous à distance de la menace. Reculez et si quelqu’un vous attrape, dégagez-vous fermement mais sans agression. Si vous êtes acculé(e) et en danger, criez.
- Si la situation dégénère, gardez une main libre pour protéger votre tête et faites des petits pas délibérés pour éviter de tomber. Si vous faites partie d’une équipe, restez groupés et tenez-vous par les bras.
- Soyez conscient(e) de la situation et de votre propre sécurité. Bien que la documentation d’une agression puisse parfois intéresser les médias, prendre des photos d’individus agressifs peut faire dégénérer la situation.
- Visionnez la vidéo du CPJ sur la meilleure façon de réagir lorsque des manifestations dégénèrent.
Les journalistes qui ont besoin d’aide peuvent contacter le CPJ via [email protected].
CPJ Emergencies dispose d’informations supplémentaires sur la préparation de base, l’évaluation des risques et les mesures à prendre pour y faire face, ou les mesures de sécurité lors de la couverture de conflits et troubles civils. Les journalistes peuvent trouver d’autres consignes de sécurité du CPJ ici.