Un tribunal de Mbandaka a déclaré illégale la fermeture du média privé Radio Télévision Sarah le 6 juin 2023. Depuis le 7 juin, des policiers armés empêchent les journalistes d'accéder au bureau du radiodiffuseur. (Crédit photo : Steve Mwanyo)

Le gouverneur de la province de l’Équateur en RDC défie l’ordonnance du tribunal autorisant la réouverture de la Radio Télévision Sarah

Kinshasa, le 13 juin 2023—Les autorités de la République Démocratique du Congo doivent respecter la décision de justice autorisant la réouverture de la Radio Télévision Sarah et veiller à ce que l’équipement de ce média soit restitué, a déclaré mardi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 6 juin, une cour d’appel locale de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Équateur dans le nord-ouest du pays, a déclaré illégale la fermeture du média privé Radio Télévision Sarah et a ordonné sa réouverture, selon une copie de l’ordonnance du tribunal examinée par le CPJ et l’avocat du média, Pontife Ikolombe, et son directeur général, Steve Mwanyo, qui se sont tous deux entretenus par téléphone avec le CPJ.

Le média est fermé depuis le 15 novembre 2021. L’ordonnance du tribunal fait suite à une action en justice intentée le 30 mai 2023 par le radiodiffuseur contre le gouvernement provincial de l’Équateur, a déclaré Ikolombe.

Le 7 juin, le gouverneur de l’Équateur, Bobo Boloko Bolumbu, a envoyé le ministre provincial de la Justice Imbambo Nzobali et des policiers armés pour bloquer l’accès au bureau du radiodiffuseur, ont déclaré Ikolombe et Mwanyo. Le mardi 13 juin, les policiers se trouvaient toujours à l’extérieur du bureau et refusaient l’entrée aux journalistes. 

« Les autorités congolaises doivent veiller à ce que la décision de justice autorisant la réouverture de la Radio Télévision Sarah soit respectée », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « L’interdiction d’émettre de la Radio Télévision Sarah pendant près de deux ans est une injustice qui doit cesser. »

Quelques heures avant l’arrivée de la police au bureau du média le 7 juin, les journalistes du média ont pénétré dans le bureau et ont constaté que le matériel de radiodiffusion, notamment un émetteur, des microphones et des caméras, avait disparus, a déclaré Mwanyo au CPJ. Et d’ajouter qu’il croyait que les autorités gouvernementales provinciales s’étaient emparées de l’équipement car elles étaient les seules à avoir accès au bureau depuis sa fermeture.

En novembre 2021, Papy Ekate, ministre de la Communication et des Médias de la province de l’Équateur, a accusé le média de diffuser des programmes incendiaires et des critiques à l’égard de Bobo, et a ordonné la fermeture du média pendant 60 jours, selon Mwanyo et des informations publiées par l ‘organisation locale de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger. Le 15 janvier 2022, le gouvernement de l’Équateur a prolongé la suspension indéfiniment, a déclaré Mwanyo. 

Lors d’un rassemblement organisé à Mbandaka le 21 décembre 2022, le président Félix Tshisekedi a publiquement demandé à Bobo d’accepter les critiques, selon des informations publiées par le site privé yabisonews.cd.

Les appels du CPJ et ses demandes de commentaires envoyées via une application de messagerie à Nzobali, à Bobo et au chef de cabinet adjoint du gouverneur, Rossy Bolekwa, sont restés sans réponse.