Un policier est aperçu à Dakar, au Sénégal, le 3 décembre 2021. Le journaliste sénégalais Pape Ndiaye a récemment été écroué suite à des accusations de diffusion de fausses accusations . (Reuters/Cooper Inveen)

Le journaliste sénégalais Pape Ndiaye écroué suite à des accusations de diffusion de fausses nouvelles

Abuja, le 10 mars 2023–Les autorités sénégalaises doivent immédiatement libérer le journaliste Pape Ndiaye et abandonner toutes les poursuites judiciaires contre lui, a déclaré vendredi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 3 mars, Ndiaye a été placé en garde à vue par la police de Dakar, la capitale, après s’être présenté à une convocation, selon les informations parues dans les médias et l’avocat du journaliste, Moussa Sarr, qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone et une application de messagerie.

Le mardi 7 mars, un juge a retenu six chefs d’inculpation contre Ndiaye, dont la « diffusion de fausses nouvelles », et a ordonné son transfert dans une prison de la ville de Sebikotane en attendant son procès, a déclaré Sarr au CPJ.

Les allégations contre Ndiaye,  journaliste de la chaîne privée Walf TV, font suite aux commentaires qu’il a prononcés à l’antenne sur les poursuites engagées contre le politicien de l’opposition Ousmane Sonko, selon Sarr et ces informations.

« Les autorités sénégalaises doivent immédiatement libérer le journaliste Pape Ndiaye, cesser d’emprisonner les membres de la presse en raison de leur travail et réformer les lois du pays pour s’assurer qu’elles ne puissent pas être utilisées pour criminaliser le journalisme », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York.                                    « L’emprisonnement de journalistes a sérieusement mis en doute la réputation du Sénégal en tant que démocratie stable en Afrique de l’Ouest. »

Sarr a déclaré au CPJ qu’aucune plainte n’avait été déposée contre Ndiaye et que l’affaire était instruite à la discrétion d’un procureur de la République.

Les six charges retenues contre lui sont provocation d’un attroupement, outrage à magistrat, intimidation et les représailles contre des membres de la magistrature, le discours portant du discrédit sur un acte juridictionnel, diffusion de fausses nouvelles et mise en danger de la vie d’autrui, a déclaré l’avocat du journaliste au CPJ.

Les appels du CPJ au porte-parole du gouvernement Abdou Kerim Fofana, et au ministre de la Justice Ismaila Madior Fall sont restés sans réponse.

Fin 2022 et début 2023, un autre journaliste sénégalais, Pape Alé Niang, a également été interpellé et placé en garde à vue pour avoir couvert l’affaire Sonko, avant d’être libéré sous caution.