Le journaliste congolais Gauthier Sey Tshiang a fait appel de sa condamnation à un an de prison suite à ses reportages sur un agent public. (Photo : Gauthier Sey Tshiang)

Le journaliste congolais Gauthier Sey Tshiang condamné à un an de prison et à une amende suite à des reportages sur un agent public

Kinshasa, le 7 octobre 2022 — Les autorités de la République démocratique du Congo ne doivent pas s’opposer à l’appel du journaliste Gauthier Sey Tshiang de sa condamnation à un an de prison et à une sanction pécuniaire suite à des reportages sur un agent public, a déclaré vendredi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 19 septembre, le tribunal de paix de Kinshasa Gombe a condamné Gauthier Sey Tshiang, directeur du média en ligne privé Netic News, à un an de prison pour imputations dommageables, ou déclarations visant à nuire à la réputation d’un individu, diffusion de fausses rumeurs et escroquerie suite à ses reportages sur Jean Simon Mfuti Kiaku, directeur par intérim de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de la RDC, selon une copie du jugement que le CPJ a pu examiner. Le tribunal a également ordonné à Sey de payer 10 000 dollars de dommages et intérêts à Mfuti, qui a porté plainte contre le journaliste, selon Sey et son avocat, Guy Mafuta Kabongo, qui se sont entretenus avec le CPJ par téléphone et par messagerie.

Mafuta a déclaré qu’il avait introduit une opposition au jugement du 19 septembre parce que Sey avait été condamné par contumace, le journaliste n’ayant pas pu se rendre au tribunal pour des raisons médicales. Sey, qui n’a pas été arrêté, a fait appel du jugement et l’affaire doit repasser devant le tribunal le 10 octobre, ont-ils déclaré.

« Les autorités de la RDC ne doivent pas s’opposer à l’appel du journaliste Gauthier Sey Tshiang. Il n’aurait jamais dû être reconnu coupable ni condamné à un an de prison pour ses reportages sur un agent public », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ , à New York. « La législation congolaise doit également être réformée pour s’assurer que le journalisme n’est pas criminalisé et que les journalistes n’ont pas à craindre d’être emprisonnés pour avoir fait leur travail. » 

Sey a déclaré au CPJ que Mfuti avait déposé plainte contre lui en février 2022 auprès de la commission disciplinaire du syndicat des journalistes congolais, l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), puis auprès du tribunal de paix de Kinshasa Gombe suite à son reportage sur la gestion de Mfuti.

Selon les médias locaux, le 9 mars la commission de discipline de l’UNPC a interdit à Sey d’exercer son métier de journaliste pendant trois mois pour manquements au principe de professionnalisme en vertu du Code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais, qui réglemente la presse dans le pays. Sey a déclaré au CPJ qu’il avait fait appel de la décision de la commission et qu’il continuait, dans l’intervalle, à couvrir l’actualité.

Contacté via une application de messagerie, Merveilles Baelenge, secrétaire de la commission de discipline de l’UNPC, a déclaré au CPJ que Sey était autorisé à exercer son métier de journaliste en vertu des règles de l’UNPC pendant que son appel est en instance. Baelenge a également exprimé son désaccord avec la plainte déposée par Mfuti auprès du tribunal. « J’ai clairement indiqué aux collaborateurs de Mfuti que [pendant que] le dossier de Sey était aux mains de la commission, il n’était pas possible de le poursuivre devant les tribunaux », a-t-il déclaré au CPJ.

Les appels du CPJ à Mfuti pour obtenir des commentaires sont restés sans réponse.