Vue aérienne de Lomé, au Togo, photographiée en 2019. (AFP/Yanick Folly)
Cas

Le journal togolais Liberté suspendu pour 3 mois, continue à paraître sur fond de procédure d’appel

Le 5 octobre 2022, un tribunal de Lomé a suspendu le journal privé Liberté pour trois mois et a infligé une amende de 12 millions de francs CFA (17 800 dollars) au média et à deux de ses employés pour avoir publié des informations erronées sur le Premier ministre, selon les informations parues dans la presse locale et Médard Amétépé, directeur de Liberté, qui s’est entretenu par téléphone avec la CPJ.

Liberté a interjeté appel, suspendant ainsi la décision, et continue à paraitre, a déclaré Amétépé au CPJ. 

La suspension et l’amende sont liées à la publication, dans l’édition du 21 septembre de Liberté, d’un article portant sur un agent de sécurité du convoi automobile du Premier ministre togolais Victoire Dogbé qui aurait abattu un jeune homme, selon ces sources.

Selon Amétépé, le 22 septembre, le bureau de Dogbé a informé la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, le régulateur des médias du Togo, également connu sous son acronyme français HAAC, que le Premier ministre ne se trouvait pas dans la zone où l’incident se serait produit. Le bureau de Dogbé a alors déposé une plainte pour diffamation auprès de la HAAC et le régulateur a demandé au journal de publier une rectification, ce que le journal a fait, en plus de présenter des excuses à Dogbé, a déclaré Amétépé au CPJ. 

Selon Amétépé, malgré la rectification et les excuses, le bureau de Dogbé a déposé une plainte distincte pour diffamation devant le tribunal contre l’auteur de l’article, Géraud Afangnowou, le directeur de la publication, et le journal. 

Le tribunal a considéré que la rectification et les excuses n’étaient pas sincères et donc irrecevables au titre de la réparation du préjudice occasionné par l’article du 21 septembre, selon Amétépé, ajoutant que le tribunal avait ensuite suspendu le journal pour trois mois et infligé une amende de quatre millions de francs CFA (5 928 dollars) à chacun des trois prévenus (Liberté, Amétépé, and Afangnowou). 

Contacté par le CPJ via une application de messagerie, Adolphe Pakka, chargé de communication auprès du bureau du Premier ministre Dogbé, a demandé au CPJ de soumettre une demande de commentaires « par la voie normale ».  Lorsque le CPJ a demandé à Pakka de clarifier ce qu’il voulait dire par « voie classique », il n’a pas répondu. 

Le porte-parole de la HAAC, Diedier Atiota, n’a pas répondu à la demande de commentaires envoyée par courriel par le CPJ. Les autorités togolaises avaient déjà suspendu Liberté en 2020 suite à une plainte déposée par l’ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy.