Le 3 septembre 2022, la police a brutalisé Aristide Djimaldé, journaliste du site d’information Alwihda Info, et confisqué sa carte de presse et son téléphone alors qu’elle couvrait une manifestation politique de l’opposition à N’Djamena, la capitale du Tchad. (Photo : Djimaldé)

La police tchadienne brutalise la journaliste Aristide Djimaldé alors qu’elle couvrait une manifestation    

Dakar, le 14 septembre 2022—Les autorités tchadiennes doivent mener une enquête approfondie sur l’attaque d’Aristide Djimaldé par la police, demander des comptes aux policiers responsables et assurer la sécurité des journalistes couvrant les manifestations dans le pays, a déclaré mercredi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 3 septembre, des policiers ont fait usage d’un fouet pour frapper Djimaldé, journaliste du site d’information privé Alwihda Info, et ont confisqué sa carte de presse et son téléphone alors qu’elle couvrait une manifestation politique de l’opposition à N’Djamena, la capitale du Tchad, selon les médias et la journaliste qui s’est entretenue avec le CPJ au téléphone. Les coups ont provoqué des courbatures, a déclaré Djimaldé au CPJ. Selon les informations citant un syndicat qui représente les journalistes, les policiers ont arrêté d’autres journalistes qui couvraient la manifestation et les ont relâchés peu après.

Djimaldé a déclaré au CPJ qu’elle était en mission pour Alwihda Info lorsqu’un policier en uniforme portant une cagoule ne laissant apparaître que ses yeux s’est approché d’elle alors qu’elle utilisait son téléphone pour filmer un groupe de policiers brutalisant de jeunes manifestants.

Le policier a vu Djimaldé, s’est dirigé vers elle, a saisi son téléphone et a tout effacé, y compris ses contacts, ses messages et le contenu qu’elle avait enregistré, a déclaré la journaliste. Ensuite, un groupe de policiers en uniforme s’est avancé vers elle et a commencé à la frapper avec des fouets sur le dos et les bras pendant plusieurs minutes, avant que des femmes d’une maison voisine n’interviennent et qu’elle ne parvienne à s’échapper, a déclaré Djimaldé.

« Les autorités tchadiennes doivent enquêter sur l’attaque au fouet de la police contre la journaliste Aristide Djimaldé et assurer la sécurité des journalistes qui couvrent l’actualité », a déclaré Muthoki Mumo, représentant du CPJ pour l’Afrique subsaharienne, à Nairobi. Les attaques perpétrées par les forces de sécurité contre les journalistes envoient un message glaçant qui ne sera qu’amplifié si celles-ci ne sont pas tenues de répondre de leurs actes. »

Djimaldé a déclaré au CPJ que les policiers lui avaient demandé si elle était journaliste, qu’elle leur avait répondu « oui » et qu’elle leur avait montré sa carte de presse, mais qu’ils lui avaient confisqué et ordonné de monter dans leur voiture. Selon Djimaldé, elle a refusé d’être emmenée en voiture et a réussi à reprendre son téléphone et sa carte de presse des mains des policiers ; c’est alors qu’elle a reçu d’autres coups de fouet.

Étant donné que le quartier était bouclé par les forces de sécurité et que personne ne pouvait quitter la zone, la journaliste a expliqué avoir reçu des soins médicaux au domicile d’une infirmière membre des Transformateurs, le parti d’opposition qui avait appelé à la manifestation.

Le vendredi 9 septembre, Djimaldé a déclaré au CPJ qu’elle n’était pas encore retournée au travail et qu’elle ressentait toujours des douleurs dans les bras suite à l’attaque.

Nathan Tah Leubnoudji, secrétaire général du Réseau des journalistes reporters tchadiens (RJRT), a déclaré au CPJ par téléphone que la police avait ciblé Djimaldé en raison de « sa proximité avec Les Transformateurs », un parti politique opposé au ‘’dialogue national et inclusif’’ organisé par le président de transition au Tchad. La page Facebook personnelle de Djimaldé et son profil WhatsApp comprenaient, début septembre, entre autres images, une photo du leader des Transformateurs Succès Masra, drapé du drapeau national du Tchad et entouré d’une grande foule de partisans, a constaté le CPJ.

Selon Leubnoudji, les autorités ont arrêté trois autres journalistes qui couvraient la manifestation, ne les ont pas brutalisés et les ont relâchés.

Le vendredi 9 septembre, le CPJ a envoyé des questions via une application de messagerie à la direction générale de la police nationale du Tchad en utilisant un numéro de téléphone accessible en ligne au public, mais n’a reçu aucune réponse.