Dakar, le 6 juillet 2022 – Les autorités sénégalaises doivent enquêter sur l’appel lancé par Talla Sylla, membre de la branche jeunesse du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR), à incendier le groupe de presse privé Walfadjri et à attaquer ses journalistes, assurer la sécurité des journalistes et du média, et permettre à la presse de travailler librement, a déclaré mercredi le Comité pour la protection des journalistes.
Sylla, qui est membre de la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer), a appelé à incendier Walfadjri et à attaquer ses journalistes lors d’une interview réalisée en direct sur Facebook le 21 juin et diffusée par le site d’information privé Xibar24, selon la vidéo visionnée par le CPJ. Le Walfadjri est composé de Walf TV, d’une radio, d’un quotidien et d’un site web qui partagent les mêmes locaux.
Dans la vidéo, Sylla a exprimé son mécontentement face aux reportages critiques de Walf TV à l’égard du Président sénégalais Macky Sall, bien qu’il n’ait pas cité de reportage spécifique, et d’ajouter : « Dans d’autres pays, ils auraient brûlé Walfadjri. Walfadjri doit être brûlé. Il faut attaquer Walfadjri pour mettre fin à cette télévision », selon l’examen du CPJ.
« Les autorités sénégalaises doivent enquêter sur Talla Sylla, membre de l’APR, le parti au pouvoir, suite à son appel public à attaquer et à incendier la société de médias Walfadjri, et assurer la sécurité du personnel et des journalistes de Walfadjri », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à Durban, en Afrique du Sud. « Lorsqu’un membre du parti au pouvoir au Sénégal plaide pour la violence contre les journalistes, cela envoie un message inquiétant signifiant qu’une telle violence est acceptable aux yeux du gouvernement. »
Le 1er juillet, Sylla a appelé le directeur de Walf TV, Moustapha Diop, pour s’excuser des propos tenus dans la vidéo, a déclaré Diop au CPJ par téléphone. Le CPJ a appelé Sylla et Seydou Guèye, porte-parole du parti au pouvoir, l’APR, mais la connexion avec Sylla n’a pu être établie et Guèye n’a pas répondu.
Walfadjri et Bamba Kassé, le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), entendent déposer une plainte conjointe contre Sylla, ont-ils déclaré au CPJ par téléphone. Le 4 juillet, un huissier a reçu l’ordre de servir à Sylla une citation directe, ce qui est nécessaire avant de pouvoir déposer plainte auprès d’un procureur, mais l’huissier n’a pas été en mesure de joindre Sylla, a déclaré Diop au CPJ.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le SYNPICS a qualifié les propos de Sylla de « menace à l’endroit de toute la presse sénégalaise ».