Le journaliste burkinabè, Luc Pagbelguem, a déclaré au CPJ qu’il avait récemment été agressé par un membre du service de sécurité du Premier ministre Albert Ouédraogo. (Photo : Luc Pagbelguem)

Le journaliste burkinabé Luc Pagbelguem affirme que le garde du corps du Premier ministre l’a agressé

Dakar, le 13 juin 2022 – Les autorités burkinabè devraient enquêter sur la récente agression du journaliste Luc Pagbelguem et demander des comptes à l’agresseur, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes.

Le 19 mai, un membre du service de sécurité du Premier ministre Albert Ouédraogo a saisi Pagbelguem, journaliste de la chaîne de télévision privée BF1, l’a tiré au sol puis l’a expulsé d’un événement qu’il couvrait dans la capitale, Ouagadougou, selon un communiqué conjoint des  associations de presse locales et du journaliste, qui s’est entretenu avec le CPJ par téléphone.

« Physiquement, je n’ai pas été blessé, mais intérieurement, je suis affecté », a déclaré Pagbelguem au CPJ. « Depuis ce jour-là, je refuse de couvrir les activités du Premier ministre pour éviter de me retrouver de nouveau confronté au même agent de sécurité, au cas où il voudrait terminer ce qu’il a commencé. »

« Les autorités burkinabè doivent enquêter sur la récente agression du journaliste Luc Pagbelguem par l’un des gardes du corps du Premier ministre Albert Ouédraogo et demander des comptes à cet agent », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les journalistes doivent pouvoir couvrir des événements d’intérêt public sans craindre pour leur sécurité. »

Selon Pagbelguem, il était en train de couvrir un événement marquant le 20e anniversaire de la création du Centre d’analyse des politiques économiques et sociales lorsque le garde du corps, dont il ne connaissait pas le nom, lui a ordonné de s’arrêter et de descendre de l’estrade où il filmait.

Lorsque Pagbelguem a dit à l’agent qu’il enregistrait et lui a demandé pourquoi il devait partir, le garde du corps a saisi le journaliste par son pantalon et l’a tiré, le faisant presque tomber, a-t-il déclaré. Il a arrêté de filmer et est descendu de l’estrade, après quoi l’agent l’a tiré au sol et lui a ordonné de quitter les lieux sans donner de raison, a déclaré Pagbelguem au CPJ.

Le journaliste a déclaré que Galip Somé, le directeur de la communication de la Primature, l’avait appelé après l’événement pour s’excuser. Pagbelguem ne sait toujours pas pourquoi il a été pris à parti alors que d’autres journalistes ont été autorisés à rester à l’événement.

Contacté par une application de messagerie, Somé a dit au CPJ de s’adresser plutôt au service de sécurité du Premier ministre par courrier officiel pour obtenir des commentaires. Somé n’a pas répondu aux questions de relance sollicitant les coordonnées d’un responsable susceptible de s’exprimer sur la question.