Dakar, 12 mai 2022 — Les autorités tchadiennes devraient cesser de harceler le reporter Olivier Memnguidé et veiller à ce que les journalistes puissent couvrir les événements d’intérêt public, a déclaré jeudi le Comité pour la protection des journalistes.
Le 20 avril, la gendarmerie tchadienne, un corps de police militaire, a arrêté Memnguidé, correspondant de la station de radio privée Oxygène, alors qu’il couvrait des troubles dans la ville de Donia, dans le sud-ouest du pays, dans la région du Logone Occidental, selon le journaliste et Abbas Mahamoud, président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT). Ils se sont tous les deux entretenus avec le CPJ par téléphone et par courriel.
Memnguidé et Mahamoud ont déclaré que la gendarmerie avait saisi le téléphone portable du journaliste et l’avait emmené dans un bureau dans la ville voisine de Moundou, où il a été accusé de rébellion, détenu pendant cinq jours, puis relâché après l’intervention du procureur local. À sa libération, la gendarmerie a informé Memnguidé qu’il devait se tenir prêt car des poursuites étaient encore possibles, a-t-il déclaré au CPJ, ajoutant qu’en date du 12 mai, son téléphone portable ne lui avait pas encore été rendu.
« Les autorités tchadiennes devraient cesser de harceler le journaliste de Radio Oxygène Olivier Memnguidé et veiller à ce qu’il puisse travailler librement et sans crainte d’une nouvelle arrestation arbitraire ou de poursuites », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Couvrir les troubles est suffisamment dangereux pour les journalistes sans qu’ils doivent en plus se soucier d’une arrestation fondée sur des allégations fallacieuses d’agissements contre l’État. »
Memnguidé a été arrêté en même temps que plusieurs jeunes adultes de Donia « qui protestaient en réponse à la détention d’un autre jeune qui avait été arrêté pour avoir prétendument volé une moto », a déclaré Mahamoud au CPJ.
« Je suis allé sur le terrain pour me faire une idée de la situation et pour faire des repérages. Alors que j’étais sur le point de rencontrer [et d’interviewer] les autorités, le commandant de la brigade qui me suivait m’a arrêté et m’a emmené à Moundou, la capitale provinciale », a déclaré Memnguidé au CPJ. Le journaliste a dit qu’il ne s’était en rien comporté d’une manière qui pouvait justifier qu’il soit accusé de rébellion.
Cinq jours plus tard, le 25 avril, Memnguidé a été présenté au bureau du procureur de Moundou, où le substitut procureur a ordonné sa libération car le tribunal n’était pas compétent pour se saisir de l’affaire, a déclaré le journaliste au CPJ. Depuis, Memnguidé n’est pas rentré chez lui à Goré, une autre ville voisine, car il craint d’être de nouveau arrêté.
Le CPJ a appelé Ahmed Saleh, commandant de la gendarmerie locale, mais la ligne a été coupée après que le CPJ lui a dit que l’appel concernait l’arrestation de Memnguidé.