Des soldats et des miliciens sont aperçus dans la province d’Ituri, en République démocratique du Congo, le 19 septembre 2020. Des hommes non identifiés en uniforme militaire ont récemment menacé de tuer le journaliste Parfait Katoto en Ituri. (AFP/Alexis Huget)

Des hommes armés volent et menacent de tuer le journaliste congolais Parfait Katoto à son domicile

Lomé, Togo, 17 juin 2021 — Les autorités congolaises doivent rapidement mener une enquête approfondie sur les menaces proférées à l’encontre du journaliste Parfait Katoto et assurer sa sécurité, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes.

Le 29 mai, vers 21 h 50, un homme armé s’est introduit au domicile de Katoto dans la ville de Biakato, dans la province d’Ituri, à l’est du pays, par une porte ouverte, l’a forcé à s’allonger sur le sol et à vider ses poches, et l’a menacé de le tuer, selon le journaliste qui s’est entretenu avec le CPJ par l’intermédiaire d’une application de messagerie et par téléphone, et une déclaration de l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique, un groupe régional de défense de la liberté de la presse.

Katoto, qui est directeur de la Radio Communautaire Amkeni Biakato (RCAB), a déclaré que l’homme, qui portait un uniforme militaire, l’a menacé de « mettre fin à [sa] vie sur terre » et l’a accusé de dénigrer l’armée en diffusant sur son antenne des allégations selon lesquelles que le personnel militaire avait pillé des propriétés dans la province d’Ituri.

Juste au moment où l’homme menaçait de tuer Katoto, un deuxième homme en uniforme et armé est entré dans la pièce, a demandé au premier assaillant de confirmer l’identité de Katoto, puis lui a dit de le laisser et de « s’en occuper demain ». Les hommes ont ensuite volé environ 10 000 francs congolais (5 USD) et sont partis, a-t-il déclaré.

« Les autorités congolaises doivent mener une enquête approfondie sur le cambriolage du domicile du journaliste Parfait Katoto et veiller à ce qu’il puisse travailler librement et en toute sécurité », a déclaré à New York Angela Quintal, coordinatrice du Programme Afrique du CPJ. « Les autorités doivent veiller à ce que les personnes à l’origine de cette attaque, même s’il s’agit de membres des forces armées, répondent de leurs actes. »

Katoto a déclaré au CPJ qu’il s’était caché après l’attaque par peur pour sa sécurité. Il a également dit que sa mère avait assisté à l’attaque et qu’un des hommes avait menacé de la tuer si elle ne restait pas tranquille. 

Christine Abeditho, présidente de la section régionale d’Ituri de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC), un groupe local de défense la liberté de la presse, a déclaré au CPJ via une application de messagerie et un entretien téléphonique qu’elle avait rencontré le gouverneur de l’Ituri, Jonny Luboya Nkashama, et avait demandé aux autorités d’assurer la sécurité de Katoto. Selon elle, Nkashama a ordonné à un porte-parole de l’armée, Jules Ngongo, d’enquêter sur l’attaque. 

Au cours des dernières semaines, la RCAB a fréquemment diffusé des reportages sur des pillages présumés dans la province d’Ituri par des hommes en uniforme militaire, a déclaré Katoto. Le CPJ a écouté les enregistrements audio de deux reportages du 27 mai dans lesquels un chef de quartier déclarait que des hommes en uniforme battaient des gens et leur volaient leurs biens, y compris des poulets et des téléphones. 

En mars, les forces de sécurité congolaises ont menacé et harcelé à plusieurs reprises les employés de la RCAB et de la Radio Télé Communautaire Babombi, un autre radiodiffuseur basé en Ituri, comme l’a documenté le CPJ à l’époque. 

En mai, en réponse à des années d’insécurité dans la région, le président Félix Tshisekedi a déclaré qu’Ituri serait placée sous le contrôle de l’armée nationale pendant au moins 30 jours et gouvernée par Nkashama, qui est lieutenant-général dans l’armée, selon les informations parues dans la presse.

Le CPJ a appelé Nkashama et Ngongo et les a contactés via une application de messagerie pour solliciter leurs commentaires, mais n’a reçu aucune réponse.