Quatre journalistes d’Iwacu, à partir de la gauche, Térence Mpozenzi, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana, et leur chauffeur, Adolphe Masabarikiza, sont détenus au Burundi. (Iwacu Media)
Quatre journalistes d’Iwacu, à partir de la gauche, Térence Mpozenzi, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana, et leur chauffeur, Adolphe Masabarikiza, sont détenus au Burundi. (Iwacu Media)

La police burundaise arrête des journalistes d’Iwacu qui couvraient les troubles

Nairobi, 23 octobre 2019 – Les autorités burundaises devraient libérer immédiatement quatre journalistes et un employé de l’organe de presse privé Iwacu qui ont été détenus hier par la police dans la province de Bubanza, dans l’Ouest du pays, a déclaré le Comité pour la protection des journalistes.

L’équipe de journalistes – la reporter de radiotélévision Christine Kamikazi, la rédactrice politique Agnès Ndirubusa, le reporter du service anglais Egide Harerimana, le photojournaliste Térence Mpozenzi, et leur chauffeur Adolphe Masabarikiza – s’étaient rendus dans la province pour couvrir les troubles après que des hommes armés venus de la République Démocratique du Congo ont pénétré dans le pays avant de se heurter aux forces de sécurité, selon les informations publiées par Iwacu et le site d’actualités indépendant SOS Médias Burundi.

La police et des jeunes ont encerclé l’équipe alors qu’elle recueillait des témoignages à Musigati, une localité de Bubanza, et ont confisqué son matériel et ses téléphones, a déclaré au CPJ le rédacteur en chef adjoint du Groupe Iwacu, Abbas Mbazumutima. La police a forcé les journalistes à monter sur des motos et les a emmenés à un poste de police situé à environ 15 kilomètres de là, a déclaré Mbazumutima, ajoutant que les policiers sont montés dans le véhicule de l’organe de presse et ont forcé le chauffeur des journalistes à les suivre.

« Les journalistes ont le devoir de couvrir les troubles, et le personnel de sécurité doit protéger et faciliter ce travail, et non pas l’entraver », a déclaré Muthoki Mumo, Représentant du CPJ pour l’Afrique sub-saharienne. « La police devrait immédiatement et inconditionnellement libérer les journalistes d’Iwacu et leur chauffeur, et veiller à ce que la presse puisse informer le public sur ce qui se passe à Bubanza sans interférence. »

Dans des tweets publiés aujourd’hui, Iwacu déclare qu’un agent de la police judiciaire a questionné les journalistes, mais qu’aucun chef d’accusation n’a été communiqué à leur avocat. Les journalistes et leur chauffeur devraient passer une deuxième nuit en prison, a déclaré Mbazumutima.

Un policier qui a parlé à SOS Médias Burundi a déclaré que la police avait reçu ordre d’empêcher la presse de s’approcher de la localité de Musigati après les affrontements.

Mbazumutima a dit au CPJ que cet ordre n’avait pas été communiqué à l’organe de presse. Dans son article, Iwacu déclare avoir informé les autorités provinciales de l’intention des journalistes de se rendre à Bubanza pour couvrir les affrontements, ce qui est une pratique habituelle selon Mubazumutima.

Des hommes armés ont pénétrés dans la province en provenance de la RDC et ont brièvement enlevés environ 20 personnes, avant de se heurter au personnel de sécurité, selon des informations publiées hier dans Bloomberg et SOS Médias Burundi. RED-Tabara, un groupe d’insurgés basé en RDC, a revendiqué la responsabilité de l’attaque, selon les informations.

Les appels et les messages envoyés cet après-midi par le CPJ au porte-parole de la police Pierre Nkurikiye, à son adjoint Moïse Nkurunziza, et au président du régulateur des médias, le Conseil national de la communication, Nestor Bankumukunzi, sont restés sans réponse.

Le Burundi est un environnement hostile pour les journalistes, le CPJ ayant documenté des censures et autres menaces depuis la tentative de coup d’État en 2015. Des médias internationaux, y compris la BBC et Voice of America, sont interdits de diffusion dans le pays depuis 2018. Un journaliste d’Iwacu, Jean Bigirimana, est porté disparu depuis 2016, et selon les recherches du CPJ, les autorités sont incapables de fournir une explication crédible à son sort.