Des officiers de gendarmerie montent la garde le 24 mars 2019 à Moroni, aux Comores. Deux journalistes sont en détention sans jugement dans le pays depuis février. (Gianluigi Guercia/AFP)
Des officiers de gendarmerie montent la garde le 24 mars 2019 à Moroni, aux Comores. Deux journalistes sont en détention sans jugement dans le pays depuis février. (Gianluigi Guercia/AFP)

Deux journalistes en détention préventive depuis février aux Comores

Nairobi, le 26 mars 2019 — Les autorités des Comores doivent libérer immédiatement les journalistes Abdallah Abdou Hassane et Oubeidillah Mchangama, qui se trouvent en détention préventive depuis plus d’un mois pour une série d’accusations, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes.

Ces journalistes, dont les reportages sont destinés à la page d’informations FCBK FM de Facebook, ont été arrêtés à la mi-février. Ils sont détenus depuis lors dans une prison à Moroni, capitale des Comores, en attendant d’être jugés, a confié au CPJ leur avocat, Abdoulbastoi Moudjahid.

Le 12 février les journalistes ont été inculpés de diffamation, de trouble à l’ordre public, d’incitation à la violence, d’insulte et offense au chef de l’État, d’outrage à magistrat, et de faux et usage de faux, selon leur avocat et FCBK FM; tous deux ont plaidé non coupable.

Pendant leur détention, les deux journalistes ont été interrogés de nombreuses fois sur leurs messages affichés sur FCBK FM, a précisé Abdoulbastoi. L’avocat ne s’est toutefois pas étendu sur des messages particuliers visés par ces interrogations.

Selon FCBK FM et Abdoulbastoi, les journalistes critiquaient fréquemment le gouvernement dans leurs messages et dans les émissions de Facebook Live, y compris au moins un appel à la démission du Président Azali Assoumani.

Le pays a tenu ses élections présidentielles le 24 mars et n’a pas encore publié les résultats, selon certains médias; l’opposition soutient que les scrutins étaient truqués pour assurer la réélection de M. Azali.

« Le fait que ces deux journalistes aient été gardés si longtemps en détention de prévention indiquerait que ce cas n’est guère plus qu’un prétexte pour faire taire toute voix critique en période d’élection, a déclaré Muthoki Mumo, représentante sub-saharienne du CPJ. Les autorités dodivent libérer Abdallah Abdou Hassane et Oubeidillah Mchangama et abandonner toute accusation les concernant. »

Abdallah a été arrêté le 9 février à la Cour suprême de Moroni, où il s’était rendu pour couvrir une décision de justice interdisant à plusieurs politiciens de l’opposition de se présenter aux élections présidentielles, selon Abdoulbastoi et FCBK FM.

Oubeidillah a été arrêté le matin du 11 février à l’entrée de la Cour, où il enquêtait sur l’arrestation d’Abdallah, d’après Abdoulbastoi.

Le CPJ a essayé de joindre FCBK FM via sa page d’informations mais n’a reçu aucune réponse.

Abdoulbastoi a fait appel des accusations contre les journalistes le vendredi 25 février au motif que l’ordonnance autorisant leur détention était illégale, mais le juge présidant l’audience a rejeté la demande comme « non fondée », a déclaré l’avocat au CPJ.

Des manifestations appelant à la libération des journalistes ont été organisées à Moroni, selon des bulletins d’information de RFI. Cette agence a rapporté que les organisateurs des manifestations craignaient que les journalistes soient détenus jusqu’après l’investiture du Président en mai.

Le CPJ a essayé de joindre le ministre comorien de l’Intérieur, M. Mohamed Daoudou, au moyen de nombreux appels et SMS, mais n’a pas reçu de réponse. De même, des courriels adressés par le CPJ au ministère des Affaires étrangères et à la Mission des Comores auprès des Nations Unies sont restés sans réponse.