Le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, s'adresse à la nation au Palais du Peuple dans la capitale Kinshasa, en avril 2017. Des agents du service du renseignement militaire ont détenu pendant neuf heures le journaliste Willy Akonda, accusé d'avoir pris des photos qui « compromettaient » le Président Joseph Kabila. (Reuters/Kenny Katombe).
Le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, s'adresse à la nation au Palais du Peuple dans la capitale Kinshasa, en avril 2017. Des agents du service du renseignement militaire ont détenu pendant neuf heures le journaliste Willy Akonda, accusé d'avoir pris des photos qui « compromettaient » le Président Joseph Kabila. (Reuters/Kenny Katombe).

Un journaliste congolais est détenu, accusé d’avoir « compromis » le président en prenant des photos sur les conditions de livraison du pain

New York, le 25 janvier 2018 – Le Comité pour la protection des journalistes a déclaré aujourd’hui que les autorités de la RDC devraient enquêter sur les individus responsables du harcèlement et de la détention de Willy Akonda, journaliste auprès de l’organe de presse privé ACTUALITE.CD, et les conduire en justice.

Le 23 janvier, des agents du service du renseignement militaire congolais (DEMIAP) ont détenu Akonda pendant neuf heures en l’accusant d’avoir pris des photos qui « compromettaient » le Président Joseph Kabila, a précisé le journaliste au CPJ. Le service du renseignement militaire a également confisqué les deux téléphones portables d’Akonda et les lui a rendus le lendemain, a-t-il déclaré dans un entretien avec le CPJ à la suite de la restitution de ses appareils.

Akonda était en train de prendre des photos sur les conditions de transportation du pain à Kinshasa, capitale de la RDC, lorsqu’un homme en civil qui s’est présenté comme militaire a procédé à l’arrestation du journaliste, selon Akonda.

L’homme en civil qui s’était identifié comme agent de la DEMIAP a conduit Akonda au poste de police local avant de le transférer au bureau du renseignement militaire, où des membres de la DEMIAP ont examiné le contenu de ses deux téléphones portables, a affirmé Akonda.

« Le responsable de ce bureau qu’on appelait “Major” m’a menacé de mort et a dit qu’il pouvait même me fusiller sans problème parce que lui ne répond qu’au président seul » a précisé Akonda au CPJ. « Ils m’ont menotté les deux mains derrières et ont commencé à mes tirer les menottes extrêmement fort pour que ca me fasse plus de mal » a-t-il ajouté.

Après avoir été interrogé par les agents de la DEMIAP, Akonda a été enfermé dans une pièce, assis sur un morceau de métal jusqu’à sa mise en liberté, a-t-il déclaré.

« Willy Akonda n’aurait jamais dû être arrêté, détenu ou maltraité » a affirmé Angela Quintal, coordinateur du programme du CPJ pour l’Afrique. « C’est absurde que les autorités associent la prise de photographies à une infraction portant atteinte au chef de l’État. Les autorités congolaises doivent cesser d’arrêter les journalistes qui couvrent des affaires d’intérêt public. »

Selon un report d’ACTUALITE.CD, le chef de la DEMIAP, Delphin Kahimbi, a promis des sanctions contre les officiers responsables du harcèlement d’Akonda sans toutefois préciser quelles mesures seraient prises ni à quel moment.

Lorsque le CPJ a contacté pour commentaires le colonel congolais uniquement connu sous le nom de Maurice, lequel, d’après Akonda, avait facilité sa mise en liberté, le colonel a demandé au CPJ de le rappeler plus tard. Toute tentative ultérieure de le joindre a été en vain.

Au cours des derniers mois, le CPJ a documenté des cas fréquents de harcèlement, d’arrestation et de détention de journalistes dans l’exercice de leur profession en République démocratique du Congo.

  • À l’intention des journalistes en DRC, des renseignements sur les pratiques de reportage sûres ont été mis à disposition sur le site [email protected] , y compris des procédures pour protéger les contenus d’un téléphone au cas où il serait saisi par les autorités.