Nairobi, le 12 août 2014—Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) demande la libération d’un journaliste de radio djiboutien qui a été placé en détention vendredi dans la banlieue de la capitale, la ville de Djibouti, et accusé d’incitation et de publication de fausses nouvelles.
Mohamed Ibrahim Waiss, journaliste de La Voix de Djibouti, une station de radio en ligne indépendante, a été arrêté vendredi à 13 heures, alors qu’il couvrait une manifestation de l’Union pour le Salut National, une coalition de partis de l’opposition , selon des journalistes locaux et des médias. Cette Union tient régulièrement des manifestations hebdomadaires pour protester contre le manque de services de base et de démocratie dans le pays, ont dit au CPJ des journalistes locaux.
Des journalistes locaux ont dit au CPJ que la police a également bastonné Mohamed, lui causant des blessures aux yeux et au dos. Il a été emmené au commissariat de police de Hodan Balbala, où il s’est vu refuser l’accès à un traitement médical et à son avocat, selon les mêmes sources.
Lundi dernier, le procureur de la République a accusé Mohamed d’incitation et de publication de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux en vertu de la Loi sur la cybercriminalité adoptée récemment, a déclaré au CPJ l’Union des journalistes de Djibouti. Cependant, te tribunal n’a pas spécifié les nouvelles postées qui sont qualifiées de fausses, a précisé ledit syndicat. Mohamed est détenu à la prison de Gabode dans la capitale djiboutienne. Son procès devrait se poursuivre le 14 août courant, a déclaré son avocat Zakaria Ali Abdilahi. Toutefois, le journaliste n’a pas encore été officiellement inculpé.
Il convient de souligner que le ministre djiboutien de la Communication Ali Hassan Bahdon n’a pas immédiatement répondu aux appels répétés du CPJ pour s’enquérir de la situation.
«Cette arrestation est le dernier exemple de l’approche de tolérance zéro du gouvernement de Djibouti vis-à-vis de la critique », a déclaré Tom Rhodes, représentant pour l’Afrique de l’Est du CPJ. « Nous tenons le gouvernement responsable du bien-être de Mohamed Ibrahim Waiss et demandons aux autorités de le libérer immédiatement », a-t-il martelé.
Il faut rappeler que les autorités djiboutiennes avaient arrêté Mohamed en décembre dernier pour avoir couvert une manifestation similaire et l’avaient détenu pendant une semaine à la prison centrale. Sa station, La Voix de Djibouti, a souvent été victime de harcèlement dans le passé. En 2012, Houssein Ahmed Farah, journaliste de la même station, avait passé plus de trois mois en prison sans jamais avoir été inculpé. En février de la même année, la police avait bastonné un autre journaliste et l’avait détenu pendant une journée, le sommant de cesser ses reportages.